C’est en guise de témoignage de soutien aux sans-abris de la province qu’a eu lieu, le vendredi 18 octobre, à travers 31 villes du Québec, la 24e édition de la nuit des sans-abri. Représentations musicales et spectacles de danse, marche à travers la ville, projections cinématographiques, et vigile de solidarité constituaient l’ensemble des activités prévues pour cette soirée.
En fin d’après-midi s’est réunie une foule hétéroclite. Sans-abri et abrités discutent ensemble et l’ambiance est à la festivité. La manifestation de Montréal a débuté au square Philips, où Pierre Gaudreau, porte-parole de l’événement, explique les raisons principales de cet événement. Il explique qu’aujourd’hui les problèmes quotidiens auxquels font face les personnes itinérantes ne font que s’accroître. En effet, il y a une montée du nombre de sans-abri, menant à une saturation des places disponibles dans les auberges de nuit. Ce phénomène oblige donc beaucoup d’individus à passer la nuit dehors, dans des conditions de précarité extrême. De plus, les sans-abri dénoncent une politique de répression à leur encontre de la part des policiers qui, afin de les chasser des lieux publics, leurs distribuent de lourdes contraventions pour « entrave » à la voie publique. Face à ces amendes non justifiées, les sans-abri se retrouvent dans l’incapacité de sortir de leur condition de dénuement.
Nick, ex sans-abri récemment réinséré dans la société grâce à l’acquisition d’un logement social, explique au Délit que cette manifestation est essentielle car elle permet de sensibiliser les citoyens aux conditions de vie précaires des sans-abri, qui, en vieillissant font face à des difficultés croissantes pour parvenir à survivre et à se réinsérer. Ces individus, dit-il, sont aliénés de la société et trop souvent ignorés. Axel qui, lui, vit dans la rue depuis maintenant un an et demi, subvenant à ses besoins grâce aux fonds qu’il collecte en jouant de la guitare, affirme qu’il n’a jamais été aussi heureux de sa vie depuis qu’il est itinérant. Pour lui, c’est une véritable philosophie, une « école de la vie », et il n’échangerait sa situation pour rien au monde. Pour bien des personnes toutefois, l’itinérance n’est pas un choix, mais un retranchement de dernier recours suite à de lourds problèmes personnels.
Politiques gouvernementales
D’ici Noël, une « politique en itinérance » devrait être adoptée par le gouvernement du Québec. Dans le contexte actuel où les droits des personnes itinérantes ne semblent plus clairs, cette politique suscite beaucoup d’espoirs. Les manifestants espèrent qu’elle permettra de rappeler à l’ensemble de la population que l’itinérance relève d’une responsabilité collective. Pour sa part, la situation du financement fédéral en itinérance fait tache sur le tableau. En effet, la reconduction de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) pour les cinq prochaines années a été annoncée, mais avec un financement réduit de 10%. Le porte-parole Pierre Gaudreau dit qu’il lui semble « qu’Ottawa et son ministre responsable, Jason Kenney, font toujours la sourde oreille » face à l’utilité de la SPLI et au fait qu’il ne faille surtout pas réduire son budget.
Individuellement, aider les sans-abri est simple et peut se faire à travers de petites actions comme une conversation, la distribution de nourriture, ou bien encore un don à une association. Que les sans-abri aient choisi de vivre dans la rue ou qu’ils y aient été contraints, leur façon de vivre et d’une précarité extrême et nécessite une aide plus accrue de la part du gouvernement et des citoyens afin de régler ce problème qui prend, année après année, plus d’ampleur.