À l’occasion de son 50ème anniversaire, l’École des sciences de la communication humaine de McGill a organisé de multiples conférences les jeudi et vendredi 24 et 25 octobre à l’université.
Centrées autour du thème du multilinguisme, les différentes conférences traitaient de sujets tels que le bilinguisme, les mécanismes d’apprentissage de la langue et les effets transferts, afin d’illustrer les avancements de la recherche dans ce domaine. Au programme, une grande variété de conférences sur des thèmes divers tels que : « comment gérer deux langues dans le même cerveau ? », « les rôles du statut socio-économique dans le bilinguisme », ou encore « apprendre et oublier ».
L’intérêt d’un tel événement
Organisé à Montréal, ville bilingue et multiculturelle, le colloque sur le multilinguisme prend tout son sens. McGill, une des seules universités anglophones dans la province du Québec, accueille un grand nombre de francophones qui suivent leurs cours en anglais. Dès lors, il devient intéressant de se pencher sur la question du bilinguisme, puisqu’elle touche une grande partie de McGill et de Montréal. Le séminaire était destiné non seulement à informer le public, mais aussi à faciliter et encourager les échanges interdisciplinaires d’idées entre chercheurs et élèves de différentes branches. Il visait également à promouvoir des collaborations pour d’éventuels projets. Étaient invités de grands chercheurs de différentes disciplines, telles que la linguistique, la psycholinguistique, les sciences cognitives ou la neuroscience, à la renommée internationale.
Les mythes du bilinguisme
Manuel Carreiras, chercheur venu du Pays basque, décortique, dans sa conférence « How to handle two languages in one brain » (« Comment manier deux langues quand on n’a qu’un cerveau »), les mythes et les mystères qui entourent le bilinguisme. Il explique tout d’abord qu’aujourd’hui dans le monde on compte plus de bilingues que de monolingues. Le bilinguisme est donc devenu une norme, contrairement à de nombreuses idées reçues. Il demande si le bilinguisme, très présent au Pays basque tout comme au Québec, doit être considéré comme un atout ou un point faible. En effet, le fait de parler deux langues est souvent connoté de préjugés négatifs. Il est communément dit que le fait d’apprendre deux langues peut perturber les enfants, qu’il existe une certaine période critique après laquelle il devient difficile d’apprendre une langue, ou encore que parler plus d’une langue réduit les capacités intellectuelles. Après avoir conduit une étude sur des enfants en bas âge, Manuel Carreiras est arrivé à la conclusion que parler deux langues n’embrouille pas les capacités linguistiques des enfants. Quant au fait qu’il y ait une période critique à l’apprentissage d’une langue, les études de Carreiras vont contre cette idée aussi. Il confirme : « Il est possible de le faire, mais votre cerveau va utiliser des mécanismes différents. »
Les effets sur le cursus scolaire
Marie, étudiante française mais ayant en partie grandi en Angleterre, présente à la conférence, témoigne au Délit : « bien que je parle aussi bien français qu’anglais, j’ai remarqué que j’ai forcément de meilleures notes dans le peu de cours que j’ai en français que dans mes cours en anglais ». En effet, bien qu’il soit possible d’avoir une compréhension parfaite de deux langues, cela ne veut pas forcément dire que les étudiants vont réussir aussi bien dans l’une ou l’autre des langues. Il est par exemple plus dur et plus lent de mémoriser des choses apprises dans une langue autre que sa langue maternelle.
Le bilinguisme présente cependant tout de même de nombreux avantages. Outre le fait de pouvoir communiquer dans deux langues différentes, les bilingues ont aussi une plus grande capacité à passer d’une langue à l’autre. Cela stimule le cerveau, qui devient plus performant aux exercices de coordination qui dépassent le langage, tel que réaliser deux tâches de façon simultanée. Sans parler d’intelligence, maîtriser plusieurs langues augmente la performance cérébrale de différentes façons, qui sont toutes bénéfiques, et qui peuvent profiter aux étudiants bilingues de McGill.