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Musique et mondanités

L’Orchestre symphonique de McGill célèbre Kaija Saariaho.

Certains après-midis sont placés sous le signe des réjouissances ; le dimanche 3 novembre a fait partie de ceux-ci. Sous la direction d’Alexis Hauser, l’Orchestre symphonique de McGill présentait à la Maison Symphonique de la Place des Arts un concert au répertoire foisonnant où se côtoyaient des œuvres de Verdi, Wagner, Ravel et… Kaija Saariaho. Cette compositrice finlandaise était d’ailleurs présente à l’événement, puisqu’un doctorat honoris causa lui était remis pour l’intégralité de son travail. Ses compositions allient les nouvelles ressources électroniques aux instruments acoustiques traditionnels, dans un travail innovant sur les sons, les formes et les textures. Dimanche, c’est sa pièce Lanterna Magica, pour grand orchestre que les élèves de l’École de Musique Schulich ont interprété avec brio. Dans cette œuvre, Saariaho a intégré des parties parlées, lors desquelles les musiciens quittent leurs instruments pour scander en chœur quelques bribes de textes.

La musique au féminin

Lors de son discours de remerciements, Kaija Saariaho a tenu à souligner les difficultés que peuvent éprouver les femmes musiciennes, compositrices ou chefs d’orchestre : « pendant un moment, j’ai cru que la place des femmes en musique commençait à changer… Cependant, en parlant avec de jeunes musiciennes, je me suis rendue compte qu’il restait encore beaucoup à faire. » Elle évoque entre les lignes les récents propos de Vasily Petrenko, chef d’orchestre principal de l’Orchestre philarmonique d’Oslo, qui déclarait à la fin de l’été que « les hommes sont de meilleurs chefs d’orchestre que les femmes », ainsi que le rapporte un article du Telegraph datant du 3 septembre.

L’absence de mixité est en effet flagrante dans le domaine musical. Dans une enquête publiée le 2 octobre, France Musique note que, en France, sur les 574 concerts prévus sur l’année 2013–2014, seuls 17 seront dirigés par des femmes. Les plus grandes instances musicales ne rattrapent pas ces résultats : à l’Opéra National de Paris, aucun des 19 opéras programmés cette année ne sera mis en scène par une femme.

Kaija Saariaho a donc tenu à défendre la présence féminine dans la musique classique. Celle qui a gagné plusieurs grands prix musicaux – dont le Polar Prize en 2013 ou le Sonning Music Prize en 2011 – a rappelé ses propres combats. « Nous devons continuer de nous battre pour affirmer la parité et faciliter la formation des femmes dans le domaine de la musique classique », a‑t-elle affirmé. Sean Ferguson, le doyen de la Faculté de Musique, a vivement soutenu ses propos, en rappelant que, même à McGill, il restait beaucoup à faire.

 Mélodie mcgilloise

L’événement était l’occasion de réunir de très nombreuses générations de mcgillois : en effet, beaucoup d’anciens élèves étaient présents, aux côtés d’élèves actuels, de professeurs et de membres de l’administration. Tous ont salué cette initiative, et ont loué la performance des élèves de l’Orchestre symphonique. En entrevue exclusive avec Le Délit, Suzanne Fortier, la principale de l’université, a tenu à faire part de sa fierté : « ce concert était un moment unique ! C’est vraiment formidable de voir des musiciens si talentueux jouer dans une salle comme la Maison Symphonique. » Lors de son discours final, la Principale a également insisté sur l’importance du lien entre les différentes générations de mcgillois, qui crée un vaste réseau à travers le monde.

Le Délit salue la performance des élèves musiciens, qui ont offert un concert déjà digne des plus grands orchestres. On en serait presque à regretter la coupure protocolaire de remise de l’honoris causa, qui a marqué une (trop) longue pause au milieu de cette extase musicale. L’événement aura donc eu le double mérite d’offrir une performance époustouflante tout en faisant réfléchir le public sur les enjeux de la musique classique de nos jours. Merci l’Orchestre symphonique de McGill !


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