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Des jeunes qui haussent le ton

L’importance de la jeunesse mise de l’avant par plusieurs organismes montréalais.

Deux semaines après sa victoire à la mairie de la Ville de Montréal, Denis Coderre a déjà frôlé le scandale politique. En effet, le lundi 18 novembre, le comité exécutif de la ville a été nommé, en omettant un responsable de la jeunesse. Fureur dans plusieurs organismes de jeunes, qui ont tenu à s’allier afin d’envoyer un communiqué à la mairie, avec une question : « l’absence d’attribution formelle du dossier de la jeunesse à un élu du comité exécutif indique-t-elle que les jeunes ne sont plus une priorité comme auparavant ? » Quelques heures plus tard, toujours ce 18 novembre, Monsieur Coderre admet sur Twitter : « je suis d’accord avec les revendications des groupes jeunesses » et nomme Harout Chitilian au poste. (Le Délit n’a pas pu le contacter avant de mettre sous presse).

Une nomination vitale

Eugénie Lépine-Blondeau, membre du Jeune conseil de Montréal (JCM) et du Parlement jeunesse du Québec (PJQ), deux simulations politiques pour les jeunes, estime que la nomination de Monsieur Chitilian est « une bonne nouvelle ». En effet, ce dernier a été président de la Ville à plusieurs reprises au sein du JCM, et connaît les vrais enjeux de la politique jeunesse. Une personne d’expérience, alors que la tâche ne semble pas si simple.

Selon Eddy Pérez, membre du JCM, le rôle premier du responsable de la jeunesse est celui de l’intégration ; faire en sorte que tout jeune ait le droit à une éducation politique de premier ordre. Les simulations politiques devraient avoir lieu dans toutes les écoles de la province, afin qu’un sens critique puisse se développer dès le plus bas âge.

Selon lui, il y a aujourd’hui, de la part de la mairie, un oubli systématique des extrêmes est et ouest de la Ville de Montréal. Des moyens limités pour les transports en commun et peu de plans économiques et sociaux sur le long terme marginalisent donc une partie de la jeune population.

En entrevue avec Le Délit, Eddy Pérez insiste cependant sur le fait qu’aujourd’hui, « les jeunes sont plus à l’aise de faire des requêtes aux politiciens » et qu’une plus grande écoute est nécessaire. La jeunesse doit donc devenir un dossier phare de la politique montréalaise, au risque sinon d’attiser les foudres de la nouvelle génération, qui est « plus politisé[e] que beaucoup souhaitent l’admettre ».

La voix de McGill aux municipales

Limitée au campus et à son « ghetto », la bulle de McGill semble créer une population estudiantine apolitique, peu concernée par la politique municipale. Asma Manssouri, étudiante à McGill et co-fondatrice du think-tank étudiant Standpoints, explique au Délit que «[rien n’] incite [les étudiants] à découvrir la ville » et à s’impliquer politiquement. Le but de son organisme, par le biais de séminaires et d’articles d’opinion, est donc de « sortir de l’enceinte de McGill » afin d’avoir une plus grande variété de points de vue, « qui puissent offrir une approche alternative sur des questions économiques, politiques et sociales ». En accord avec Eddy, elle considère Montréal comme une ville « étudiante» ; tout doit donc être mis en place afin que les politiciens écoutent cette « énorme partie de la population ». Ne serait-ce que parce que les jeunes représentent aujourd’hui 23% des votants.

Alors que le contexte politique semble de plus en plus brouillé à un niveau global, beaucoup de jeunes ne font plus confiance à cette institution. Il semble de leur devoir de se manifester au niveau municipal afin d’offrir une approche alternative aux questions de tous les jours. « Après tout, indique Eddy, ne sommes-nous pas la nouvelle génération ? N’avons-nous pas le droit d’être partie prenante dans des décisions qui nous affecteront dans vingt, trente ans ? ». Et à Eugénie, en entrevue avec Le Délit, de proposer : « pourquoi pas un jeune dans chaque Conseil d’administration ? »


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