En cette fin de semaine enneigée, un doux parfum de rêve et d’ambition se dégage du bar de l’Alizé. L’établissement de la rue Ontario accueillait, samedi et dimanche, la compétition « Showcase 2014 », orchestrée par Landmark Events. Cette organisation de développement de talents artistiques ne revendique qu’un objectif : permettre aux jeunes talents de la scène locale de se produire devant des représentants de l’industrie musicale et, si leur performance le leur permet, de faire un premier pas dans le milieu.
C’est dans un décor de briques rouges et de rideaux de velours noir que s’enchaînent les passages des groupes montréalais. L’énergie dans la salle est palpable ce samedi soir et nombreux sont les membres du public venus encourager les musiciens. Parmi les groupes à l’affiche ce soir se trouvent Smalltalk et Myles Stone, deux formations d’étudiants mcgillois aux parcours intimement liés.
Tout commence en septembre 2011 dans les longs couloirs de « New Rez ». Samuel, bassiste fraichement débarqué de l’ile de Trinité-et-Tobago, saisit sa guitare acoustique et parcourt les étages de la résidence en jouant dans l’espoir de trouver des semblables. Le stratagème se révèle efficace puisque Julien, guitariste français, pointe la tête par l’ouverture de sa porte. Les jams s’enchaînent et, de fil en aiguille, Julien va présenter deux de ses amis à Samuel : Dany et Anthony. Ces derniers, qui arpentaient ensemble la scène rock de Beyrouth depuis 2008 sous le nom de « Limelight », étaient justement à la recherche d’un bassiste afin de lancer un projet à Montréal. C’est ainsi qu’est né Myles Stone, dans le hall d’une résidence étudiante.
Julien, désireux de poursuivre sa collaboration musicale avec Maxime, un de ses amis de lycée, se lance de son côté à la recherche d’un chanteur et d’un batteur. Suite à quelques changements de personnel, la composition actuelle du groupe se précise avec l’intégration de Nicolas, d’origine libanaise, et Tyrone, Canadien, à la batterie. Aujourd’hui encore, ces deux groupes aux nationalités variées continuent de collaborer étroitement, notamment pour l’enregistrement et le mixage de nouvelles compositions.
Smalltalk monte sur scène vers huit heures et quart. Le concert, qui démarre sur les accords enflammés de la composition de circonstance « New Show », envoûte rapidement l’assemblée grâce à l’énergie que le groupe dégage. La performance se poursuit avec trois autres morceaux, alternant des solos de guitare empreints de blues et des lignes de basse attaquées en puissance, qui ne sont pas sans rappeler quelques influences punk rock, comme le laisse suggérer le t‑shirt à l’effigie de The Clash de Maxime, le bassiste. Tyrone, le batteur, garde le tempo d’une force tranquille sans oublier d’accentuer les montées en puissance grâce à quelques breaks bien placés. Nicolas, la voix du groupe, délivre les paroles d’un ton puissant qui sait rester mélodieux. Une fois la performance terminée, le public conquis entonne « Smalltalk » en cœur. L’objectif est atteint et le groupe accède au deuxième tour de la compétition.
Quelques heures plus tard, c’est au tour de Myles Stone de monter sous les feux des projecteurs. À ce stade de la soirée, nombreux sont ceux qui ont déserté la salle de l’Alizé, sans avoir anticipé la performance qui allait se dérouler sur scène. Ce samedi est, en effet, l’occasion qu’ont choisi les membres de Myles Stone pour partager, pour la toute première fois, quelques extraits de leur dernier album baptisé Ocean. Au cours des vingt-cinq minutes de leur concert, Dany, Anthony, Karim et Samuel nous plongent dans une atmosphère de rock aérien portée par des mélodies harmonieuses et langoureuses qui mettent en valeur le chant, dans la tradition immortelle des Beatles et de Pink Floyd.
Le set se termine trop vite et nous laisse, en conclusion, fier d’appartenir à une communauté universitaire où la diversité du corps étudiant et l’effervescence de talents musicaux se rencontrent pour donner vie à de telles vibrations.