Aller au contenu

Perspectives montréalaises

Exploration spatiale et temporelle de la ville de Montréal au Musée McCord.

Lauriane Giroux

Le musée McCord accueille de façon permanente l’exposition « Montréal – Points de vue », une exposition qui célèbre la ville de Montréal, sa vie d’hier et d’aujourd’hui, en retraçant l’histoire de ses premiers occupants autochtones jusqu’à la nôtre.

C’est d’abord une exposition unique sur les coins et recoins que nous voyons et traversons tous les jours, sans pourtant soupçonner l’imposante histoire qui y est enfouie : les Boulevard St-Laurent, Canal Lachine, Mont Royal et autres lieux incontournables de la métropole sont autant d’endroits qui ont vu la ville de Montréal se métamorphoser. Au début du 19e siècle, les plaines et vallées laissent place aux manufactures et industries, avant que l’urbanisation ne gagne du terrain et que les banlieues, les quartiers, les édifices publics et les grands boulevards ne redessinent le paysage à la fin du siècle. Plus tard, l’apparition de magasins, centres commerciaux, infrastructures nouvelles et lieux de loisirs lancent Montréal sur la voie de la modernité, atteignant son paroxysme lors de la décennie accueillant l’Exposition Universelle (1967) qui voit les premiers gratte-ciels pousser des sols de la ville. Et Montréal de se transformer au fur et à mesure des siècles passés, de la présence des autochtones, de l’exploration de Jacques Cartier, des activités des colons français puis anglais. De ces occupations anciennes en passant par les périodes d’industrialisation et d’urbanisation, l’exposition « Montréal – Points de vue » nous fraye un chemin à travers les différentes étapes du développement économique et culturel de Montréal. Nous partons donc à la conquête à la fois spatiale et temporelle de la ville.

La particularité de cette exposition est qu’elle combine photographies, courts-métrages, dessins, et vestiges d’un autre temps : nous pouvons ainsi admirer des perles du 15e siècle, des outils agricoles, des armes datant des guerres franco-iroquoises du 17e siècle, d’anciennes pièces de monnaie, de somptueux vêtements appartenant à l’élite économique anglaise et écossaise du 19e siècle, ou encore d’anciennes affiches industrielles et publicitaires. Tous ces fragments d’une vie passée renaissent le temps de quelques minutes, voire de quelques heures pour les plus convaincus, et font de l’exposition une façon nouvelle et unique de découvrir cette ville que certains de nous ne connaissent pas, ou du moins pas assez pour en apprécier l’exception. En marchant le long des allées, nous passons d’une époque à l’autre, comme en tournant les pages d’un livre d’histoire. Le Délit conseille cette exposition pour son approche interactive avec des vidéos et des textes explicatifs, ainsi que des films historiques qui donneront du sens à la multitude d’information proposée.

Mais n’ayez crainte, jeunes étudiants à la pointe de la modernité, cette exposition jette aussi son dévolu sur le Montréal d’aujourd’hui ; Montréal la contemporaine, la multiculturelle, la cosmopolite. L’exposition décide aujourd’hui d’aborder ce thème à travers le prisme du photographe Guillaume Simoneau, dont l’incroyable photographie quasi grandeur nature justifie sa vision de Montréal selon laquelle « l’essence de la ville ne peut se capturer qu’à travers ses citoyens ». Car, sans aucun doute, ce sont aussi les vagues successives d’immigrants qui ont façonnées Montréal et ont fait sa plus grande beauté, sa mosaïque ethnoculturelle.

Enfin, en tant que Mcgillois invétérés, on trouvera notre bonheur avec cette petite anecdote : la pierre tombale à la gauche des portes Roddick est une stalle commémorative qui rappelle que le quadrilatère où se trouve l’université contient l’empreinte archéologique de la présence du village iroquois d’Hochelaga. Elle rappelle aussi le travail de l’ancien recteur Williams Dawson, qui avait à cœur la sauvegarde archéologique des vestiges trouvés sur le site.


Articles en lien