La Société des Transports de Montréal (STM) a déposé la semaine dernière son budget pour 2014, un budget « d’austérité ». La société annonce des coupures de près de 65 millions de dollars et anticipe malgré tout un manque à gagner de 20 millions de dollars.
Parmi les mesures prévues, il y a la réduction de 3,1% du service d’autobus en dehors des heures de pointe.
Une décision difficilement acceptable –du moins si on considère que les transports en commun sont la solution d’avenir, une solution durable. 3,1%, ça n’apparaît peut-être pas beaucoup. Il n’en reste pas moins que c’est un pas en arrière. Or dans le domaine du transport collectif, on ne devrait faire que des pas (des bonds!) en avant.
En même temps, les tarifs ne cessent d’augmenter. La carte Opus mensuelle étudiante à 43,75 dollars en 2012, vous vous en rappelez ? Le titre est passé à 45 dollars en 2013 et depuis le 1er janvier 2014 à 47,25 dollars (quand on pense qu’en 2004 les étudiants payaient 31 dollars). Et ça encore, c’est si on a la « chance » d’être étudiant sur l’Ile de Montréal : le plein tarif s’élève à 79,50 dollars par mois, et pour ceux qui habitent sur les rives Nord ou Sud, les prix s’affolent. Une hausse constante. Attribuer cela seulement à l’inflation, c’est un peu facile. Ça empêche peut-être aussi de chercher d’autres solutions.
Les plans financiers de la STM devraient être chaque année de plus en plus ambitieux. C’est un secteur dans lequel on ne devrait plus couper.
On peut encore comprendre (sans cependant être forcément d’accord) la logique des coupures dans la distribution du courrier par exemple, comme récemment annoncé par Postes Canada. La poste dans sa forme « traditionnelle » est un service de moins en moins utilisé. Mais les transports : de moins en moins utilisés ?
Il faut reconnaître bien sûr que la STM n’est pas la seule à avoir son mot à dire. L’argent doit bien tomber de quelque part. Les subventions du municipal, du provincial, du fédéral, on les attend toujours. Le fait qu’il y ait d’autres « urgences» ; notamment réparer les infrastructures routières en ruine au Québec, était un des arguments utilisés pour justifier ce manque d’argent accordé à la STM. Mais le transport collectif, ça devrait être considéré comme une « urgence ».
Il faudra continuer alors d’en appeler aux gouvernements. Il y a des efforts à faire puisque l’idéal des transports en commun n’est malheureusement pas ancré dans la mentalité de tous ceux qui nous gouvernent. « Je ne suis pas certain qu’on trouverait cent personnes qui rêvent de prendre l’autobus » disait Régis Labeaume, le maire de Québec.
Il y en a bien qui s’y prennent à « rêver », et à imaginer des autobus qui passent plus fréquemment qu’aux trente minutes. Des métros qui ne tombent pas régulièrement en panne, et qui continueraient de rouler après minuit quarante. Une ville bien connectée, tout simplement. Et même peut-être un réseau métropolitain harmonisé, entre Montréal et la banlieue (quand on sait que pour venir de Laval à Montréal par exemple, il faut payer son billet d’autobus de la STL, puis son billet de métro « spécial » de la station lavaloise de la STM – ou bien payer un abonnement mensuel de l’AMT à près de 100 dollars…pour un étudiant –etc.)
Mais au fait ces idées-là, ce sont des « rêves », ou bien des revendications normales en 2014 ?
Montréal est une grande ville. Et Montréal veut rester dans la cour des grands. Alors il faudra qu’à tous les niveaux on finisse par, réellement, placer le transport collectif sur un piédestal.
C’est un sujet qui n’est pas nouveau, évidemment. Les transports, on en parle bien souvent. C’était un des grands thèmes de la campagne municipale de l’automne dernier (que certains avaient pris plus à cœur que d’autres, visiblement) Nomination partisane à la STM et aucun grand projet : Denis Coderre n’est certainement pas le plus ambitieux de ce côté.
Mais justement c’est ça qui est frustrant : de découvrir que derrière ce sujet dont on parle tout le temps, il n’y aura pas, pour l’instant du moins, de grands changements. En bref, ce 3,1%, c’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase.