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Pétrocratie

Pétrocultures 2014


Pétrocultures 2014 : : le pétrole, l’énergie et l’avenir du Canada. Voici le titre de la conférence annuelle de l’Institut d’études canadiennes de McGill qui s’est déroulée les 6 et 7 février derniers sur le campus, au cercle universitaire de McGill. Événement souhaité par certains, critiqué par d’autres, Pétrocultures a attiré l’attention et soulevé les débats. Cette semaine, Le Délit offre une couverture en profondeur de cet enjeu et des diverses conférences qui ont eu lieu. 

Les « pays pétroliers » sont-ils considérés moins démocratiques que les autres ? Le Canada brime-t-il la voix de ses citoyens pour réaliser ses projets d’exploitation pétrolière ? Si les partis politiques n’exercent pas toujours une censure explicite, les experts de la conférence « Notre démocratie, une pétro-démocratie ? » expliquent toutefois que plusieurs stratégies plus subtiles sont utilisées par les élites politiques pour arriver à leurs fins.

« Les capitalistes détestent l’incertitude. Et c’est là que le nationalisme arrive » Darin Barney

En effet, les gouvernements manipulent les citoyens en invoquant l’argument du nationalisme et de la construction de l’identité canadienne, comme le démontre Darin Barney, professeur à McGill et titulaire de la chaire de recherche du Canada en technologie et citoyenneté. Monsieur Barney dit que l’entrave aux projets d’exploitation des énergies fossiles est la contestation sociale et politique des citoyens de divers horizons, ce qui entraîne un certain degré d’incertitude quant à la réalisation de ces projets. « Les capitalistes détestent l’incertitude. Et c’est là que le nationalisme arrive », dit-il.

« Les gains financiers seront bénéfiques pour tous les Canadiens ». Le docteur Barney croit plutôt que ce sont les coûts de telles exploitations qui sont partagés entre tous les citoyens.

Par exemple, le nationalisme économique est utilisé pour rassembler les gens autour des projets pétroliers en donnant comme message que « les gains financiers seront bénéfiques pour tous les Canadiens ». Le docteur Barney croit plutôt que ce sont les coûts de telles exploitations qui sont partagés entre tous les citoyens. Un autre exemple est le nationalisme culturel, qui véhicule une identité basée sur l’idée que tous les Canadiens exploitent les ressources naturelles. Ceci a pour effet d’exclure tous ceux qui ne se perçoivent pas ainsi et qui ne sont pas en accord avec cette exploitation. « Il est peut-être temps de se demander qui nous sommes et ce que nous sommes en train de faire ? » commente Monsieur Barney. Il conclut en disant que ces stratégies de nationalisme sont « désespérées et qu’elles échouent », et que ceci est probablement « la meilleure des nouvelles ».

D’un point de vue plus pratique, Mary Janigan, journaliste et auteure, explique que les pays qui font beaucoup de profit avec l’exploitation des ressources naturelles n’ont pas autant besoin de taxer leurs citoyens pour pouvoir assurer leurs dépenses. La place du citoyen est ainsi réduite au sein de l’État, et les gouvernements ont également les moyens de faire taire l’opposition. Madame Janigan explique que même si l’exploitation des ressources naturelles ne représente que 6% du produit intérieur brut du Canada, cette exploitation affecte tout de même la qualité de notre démocratie.

Une membre de Divest McGill résume lors de la période de questions qu’il faut agir au niveau politique et social pour changer notre rapport au pétrole. Elle interroge Gerald Butts (modérateur de la conférence) qui siège au Conseil des gouverneurs (Board of Governor – BoG) de McGill sur la raison pour laquelle le BoG n’a pas voulu se désinvestir des énergies fossiles en 2013 pour montrer la voie du changement. Monsieur Butts n’a pas voulu répondre à la question, mais Darin Barney a pour sa part salué les initiatives de Divest McGill et a conclu qu’il est « nécessaire de faire bouger les choses et parfois de manière dérangeante pour que ça fonctionne ».

Conférence controversée

L’événement Pétroculture 2014 a été contesté par divers partis. Vendredi matin, deuxième journée de l’événement, un groupe de protestataires s’est effectivement regroupé afin d’«occuper » le Cercle universitaire de McGill sur la rue McTavish où avaient lieu les conférences. Le groupe de manifestants n’était pas composé d’étudiants de McGill, mais plutôt par des gens de divers horizons venus témoigner leur désaccord envers entre autre l’exploitation des sables bitumeux, comme on pouvait le lire sur la banderole qu’ils ont déployée à l’extérieur du bâtiment. Le groupe a quitté les lieux au bout d’environ une heure. L’organisation étudiante Divest McGill a également signalé son désaccord en réalisant une action à l’extérieur du Cercle universitaire de l’Université McGill.

Le pétrole en chiffre

Consommation québécoise de pétrole par rapport
aux autres énergies en 2010
 :                                                             38.55%

Nombre de raffineries au Québec :                                                     2  (Suncor et Ultramar)
                                                                                                                                                                         

Nombre de projets d’exploration pétrolière en cours :                           6
                                                                                                                   

Nombre de gisements pétroliers confirmés :                                       4  

 


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