Les petits effondrements est le premier album complet de l’auteur-compositeur-interprète Marc-Antoine Larche, originaire d’Abitibi. Cet album réalisé par Navet Confit, fait suite à l’EP Mes cliques, mon cœur et mes claques sorti en 2010. L’album affiche une pop sobre, aux sonorités indies mais sans grande innovation technique, et où l’empreinte plus avant-gardiste du musicien se fait surtout entendre dans les légères improvisations en ouverture de certaines chansons dont « Les courants d’air » et « Ça n’arrivera pas ».
L’écoute est agréable dans la mesure où la musique sait suffisamment se démarquer des platitudes redites de la musique commerciale sans toutefois perturber l’horizon d’attente de l’auditeur. Sa simplicité mélodique s’inscrit bien dans le projet esthétique de l’album, soit une approche en « mineur » de la musique, mais celle-ci peut néanmoins devenir lassante et sembler répétitive lorsque l’album est pris dans sa totalité. La voix du chanteur, légèrement rauque, traînante et nasillarde fonctionne de la même façon : il faut l’apprécier dans la mesure où elle cadre parfaitement avec l’émotion que l’album cherche à communiquer, une certaine nostalgie cherchant à se réfugier dans l’indifférence.
Choix particulier, le chanteur a aussi choisi d’offrir une réinterprétation du classique québécois « Ce soir l’amour est dans tes yeux ». Cette dernière est surtout intéressante pour sa rupture esthétique avec l’originale, presque humoristique, et qui réside du côté des arrangements, mais laisse à désirer au niveau de l’interprétation vocale.
Il faut savoir que la sensibilité et la peine d’amour sont les deux grands moteurs de cet album. Le chanteur est tel une fleur délicate, comme il l’affirme dans « Les pétales sur le plancher », et il faut peut-être applaudir le courage d’une telle posture, généralement plus féminine.
Du côté de l’écriture, celle-ci est réussie dans sa construction d’un univers fragile, dont la particularité réside justement dans cet effondrement qui le guette. La pièce « Changement majeur », est spécialement bien composée et dépeint le quotidien comme un espace intérimaire entre l’attente d’une résolution au présent et une réflexion sur la volatilité du passé, alors que le chanteur fait un retour périodique sur ses amours passées. L’auteur ne se préoccupe pas particulièrement de l’emploi de la rime, sauf dans le morceau « J’te cherche des mots », un joli poème tendre et amoureux écrit à quatre mains avec Catherine Lalonde.
Il s’agit d’un album mesuré et discret dont les sonorités évoquent une certaine mélancolie urbaine, et, donc, si vous voulez contempler le plafond de votre chambre justement pour éviter d’aborder les pensées qui vous préoccupent ; déambuler avec lenteur lorsque vous marchez vers un changement de direction dans le métro ; marcher sous la pluie, mais une pluie juste assez fine pour ne pas nécessiter l’usage d’un parapluie ; vous remémorer au ralenti l’image d’un être aimé qui danse ; cherchez une trame sonore pour le film triste que vous vous faites dans votre tête, cet album est peut-être pour vous.