Suzanne Fortier, élue principale de McGill en septembre dernier, est venue présenter sa vision de l’Université pour les années à venir le vendredi 28 mars dernier. L’événement s’est déroulé dans l’auditorium du pavillon Bronfman, mais le discours pouvait être suivi en direct par tous les étudiants depuis leur ordinateur. La devise qui s’affiche sur deux écrans face à l’assemblée donne un avant-goût des propos que Madame Fortier s’apprête à tenir : « Ouverture, interrelation, détermination. » Ce sont les trois mots qu’elle a choisis pour résumer son ambition et les directions qu’elle veut prendre en continuant à diriger McGill au cours des cinq prochaines années.
Son discours se centre très vite sur ce qu’elle voit en McGill et les aspects qu’elle veut renforcer, notamment l’importance de valeurs qui unissent tous les étudiants malgré la diversité qui les caractérise : le plaisir d’apprendre, l’engagement et le sens des responsabilités vis-à-vis de l’amélioration de notre société.
Comment compte-t-elle concrètement affermir ces aspects ? En donnant plus d’opportunités d’expériences et de stages aux étudiants de premier cycle, en augmentant l’accès et l’utilisation de la technologie par le corps professoral, et en mettant au point un service de conseils et de soutien pour accompagner les étudiants tout au long de leurs études.
Avant d’être Principale de l’Université, Madame Fortier dirigeait le Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada. Elle semble donc décidée à relever le défi du maintien d’un programme de recherche tourné vers l’avenir et celui du soutien de l’innovation. Par exemple, elle propose la création du « Fonds de stimulation McGill », qui aurait pour but de promouvoir le progrès technique, la prise de risque et les grandes recherches qui sont, pour reprendre les mots de la Principale, « le fruit d’esprits curieux qui ne craignent pas de remettre en cause les idées reçues ».
Elle mentionne peu la première année de son mandat, mis à part le fait que les mcgillois qu’elle a rencontrés et les activités auxquelles elle a participé l’ont aidée à « capter et comprendre les espoirs, les buts et les ambitions de notre collectivité ». Cependant, même si ce n’est pas au cœur de son discours, il convient de prêter attention aux enjeux qui ont rythmés ses premiers mois à la tête de l’Université.
Dès son arrivée, Madame Fortier a rendu public son salaire annuel de 390000 dollars dans l’optique de marquer un tournant après le mandat controversé et les dépenses jugées abusives de l’ancienne principale Heather Munroe-Blum.
Mais, en ce qui concerne les dépenses de l’Université, la transparence des sources et les objectifs de financement font débat, notamment à propos des relations plus ou moins claires avec l’Armée canadienne. En effet, la controverse sur l’implication de McGill dans la recherche sur la construction d’armes qui a déjà été soulevée par le McGill Daily lors d’un entretien (voir l’article du Délit « Les priorités de McGill », Vol. 103, No 20) ou encore par le mouvement Demilitarize McGill, est ravivée par une des personnes de l’assemblée lorsque vient le temps des questions. Madame Fortier, dans sa réponse, maintient l’importance de ne pas faire d’amalgame : des recherches ainsi que des partenariats sont mis en place pour trouver des solutions de défense mais dans le respect des valeurs et des principes éthiques. Pour cela, elle mentionne la mise en place d’un processus très méticuleux de vérification des engagements de l’Université avant toute décision irrévocable.
D’une façon générale, le discours de la Principale a plutôt consisté en une bouffée d’air frais et d’inspiration pour nous rappeler les qualités de McGill et les opportunités que l’Université nous offre. Il est vrai que ces atouts existent peut-être aux dépends de données précises sur la répartition du budget et les fonds disponibles pour soutenir l’ambition dont McGill fait preuve. En tout cas, vers la fin de la conférence, Suzanne Fortier semble confiante quant aux moyens de l’Université pour mettre en œuvre ses projets : « s’il nous est impossible d’ignorer nos difficultés financières, elles ne doivent pas nous définir pour autant ! »