L’atelier « Facile de récolter ses semences », offert le 11 septembre dernier par le Collectif de recherche en aménagement paysager et en agriculture urbaine durable (collectif CRAPAUD) à l’UQAM, visait à partager des techniques aux jardiniers débutants ou aguerris afin qu’ils puissent récolter eux-mêmes leurs semences.
Pour les adeptes de l’agriculture urbaine, œuvrant soit au sein d’un jardin collectif ou à la maison, faire pousser ses légumes est une façon de savoir d’où proviennent ses aliments. Cela assure, entre autres, qu’ils soient totalement dépourvus d’organismes génétiquement modifiés (OGM). De plus, la récolte des semences procure la satisfaction de créer son jardin de A à Z.
L’animatrice de l’atelier, Émilie Ould-Aklouche, soutient que la récolte des graines est à la portée de tous : « Les semences sont déjà là. Pourquoi ne pas les prendre ? »
Parmi les gens présents à l’atelier, on comptait des participants aux jardins collectifs de Montréal, des adeptes du jardinage à la maison et une majorité d’étudiants.
La provenance des aliments que l’on retrouve sur le marché en préoccupe plus d’un, en particulier les étudiants pour qui la préservation de l’environnement et une alimentation saine sont des enjeux majeurs.
Pour l’étudiante en anthropologie à l’Université Concordia, Véronique Hamel, et son conjoint Alexandre Pouliot, étudiant en sociologie à l’UQAM, la piqûre du jardinage leur est venue d’une recherche sur l’agriculture urbaine réalisée au Cégep de Drummondville.
À l’issue du projet, les deux étudiants ont aménagé une plate-bande comestible près du Cégep.
Une occupation qui rassemble
Il s’agit d’un mouvement qui se développe notamment en Europe et qui est représenté au Québec en particulier par l’organisme les Incroyables Comestibles Montréal. Des citoyens peuvent à leur guise semer fruits et légumes devant leur demeure ou dans des endroits publics pour ensuite partager leurs récoltes. « Les gens se reconnaissent en jardinant. La nourriture, c’est un langage universel », affirment Véronique et Alexandre.
Émilie Ould-Aklouche est du même avis. Selon elle, les jardins collectifs déborderaient de bienfaits autant pour la communauté que pour les individus : « C’est un outil magnifique de développement social. C’est un lieu où des gens seuls peuvent se rencontrer, donc ça permet de briser l’isolement. »
Le jardinage collectif rendrait également plus autonome, apaiserait les esprits stressés, améliorerait l’estime de soi et serait une forme d’apprentissage de la démocratie puisque chacun doit apprendre à se mettre d’accord, comme le soutient Émilie.
Jardiner écologique
Malika Gabaj et Jacinthe Alias, deux étudiantes de l’UQAM présentes à l’atelier, posent plusieurs gestes pour protéger l’environnement. En plus de s’occuper d’un jardin à la maison, elles ont choisi de boycotter la viande et priorisent les produits locaux.
Cette prise de conscience leur vient en partie de rencontres qu’elles ont faites lors du Printemps Érable de 2012, marqué par la grève étudiante visant à contester la hausse des frais de scolarité. « Après la grève, un milieu riche en discussions et en prises de conscience a permis de rencontrer plein de gens qui [prennent des initiatives] en environnement et ça m’a donné l’envie de poursuivre là-dedans », relate Jacinthe qui étudie actuellement le Design de l’environnement.
Dans le cadre d’un de ses cours au Cégep, Malika a réalisé un jardin d’hiver qu’elle cultive encore à la maison. À son avis, le manque de temps et d’espace sont les principaux facteurs qui pourraient freiner les jeunes qui souhaitent jardiner en ville. « Avoir un jardin, c’est comme avoir un animal de compagnie. C’est le même engagement », conclue-t-elle.