Ce soir, honneur aux essais ! En plein lancement de la saison littéraire, la librairie Gallimard du boulevard Saint-Laurent organisait jeudi un événement dédié à ce genre trop souvent ignoré. Dans ce lieu bien connu des francophones et francophiles, quatre maisons d’édition sont invitées à présenter leur nouvelle collection. Pour ce faire, les deux libraires innovent : à tour de rôle, ils interrogent le représentant d’une des maisons, autour d’une table ronde disposée face au public. Ambiance de speed-dating, donc.
La soirée débute avec la maison Liber. Leur représentant décrit la maison comme un éditeur différent, proposant un cadre plus chaleureux pour les artistes : « Laurent-Michel Vacher, Pierre Bertrand… De grands noms sont passés chez nous. C’est parce que leur activité philosophique peut s’y exprimer. Les auteurs trouvent leur compte chez nous. » « La maison prime sur l’édition », complète le libraire qui l’interroge.
Place à monsieur Louis-Frédéric Gaudet, éditeur chez Lux. Et n’oublions pas notre changement de libraire, comme le veut le concept de ce soir. Lux est un éditeur qui s’est fait connaître dans les domaines tels que l’histoire des Amériques et la politique, mais qui s’attache aussi à la littérature, du théâtre au conte. Notre nouveau libraire-interviewer cite par exemple le nom d’Eduardo Galeano, passé chez Lux. Monsieur Gaudet annonce la saison littéraire, citant d’abord le livre L’armée indigène de monsieur Jean-Pierre Le Glaunec, présent ce soir. Cette œuvre, fruit de plusieurs années de recherches, raconte le gain de son indépendance par Haïti face aux armées napoléoniennes. Un livre à venir : Soeurs volées, signé Emmanuelle Walter, (passée à Libération, France 3, France 5 et au Nouvel Obs)se penchera sur la disparition des femmes autochtones au Canada. Enfin, clou de cette présentation, Démocratie.com d’Astra Taylor, pas encore disponible pour le grand public, est mis en vente de manière inédite pour les invités présents ce soir.
La parole revient aux Éditions Écosociété, au centre de l’actualité quelques années plus tôt avec les poursuites judiciaires dont le livre Noir Canada a été la cible. Pour sa rentrée littéraire, on retient notamment la publication de Libres d’apprendre, un ouvrage collectif sous la direction de Gabriel Nadeau-Dubois, lancée officielle à la soirée de l’Upop la veille (cf : article de Nadia Lemieux page 6). À lire aussi, La tyrannie de la valeur, dirigé par Éric Martin et Maxime Ouellet, analyse marxiste à travers la médiation du travail, de l’argent et du temps abstrait que les humains passent à travailler.
Enfin, les Éditions Nota Bene closent le bal. Passation de pouvoir dans cette maison d’édition, où un triumvirat prend les rênes de la direction. Cependant, seul Nicolas Lévesque, également auteur, est présent ce soir. Il cite notamment l’ouverture d’une nouvelle collection, « Philosophie continentale », avec comme première œuvre Axelos et le jeu du monde de Michel Malette. Fils de l’écrivain Claude Lévesque, Nicolas Lévesque explique au Délit : « Mon père est un peu celui qui a amené la philosophie continentale, issue de la philosophie française et allemande, au Québec. Cette philosophie est encore très peu connue ici, mais elle mérite d’être défendue. Je reprends le travail de mon père ici. »
Alors que la soirée arrive à son terme, le duo de libraires de Gallimard annonce d’autres rendez-vous de ce type à venir, invitant tous ceux qui ont apprécié à renouveler l’exercice. Avec plaisir.