Le Royaume Uni a failli y perdre 6.5 millions de moutons, mais aussi 5.3 millions de résidents, un tiers de son territoire, et 96% des ressources en pétrole de la mer du Nord. Vendredi matin, soulagé, le Premier Ministre britannique David Cameron a appelé le pays à « se rassembler et aller de l’avant », considérant que le peuple écossais avait clairement exprimé son opinion sur la question. La Reine Elizabeth II, elle, s’était tenue à l’écart du débat, estimant qu’il appartenait aux Écossais seuls de décider de leur destin.
L’indépendance en moins, l’Écosse a récolté au cours de ce référendum les fruits d’un militantisme souverainiste exacerbé, d’un engagement civique en émulsion, la participation record au référendum (84.59%) ayant démontré que les questions d’identité nationale ont une vertu motivante pour les électeurs. Nombre de célébrités ont pris part au débat, comme les acteurs Sean Connery et Alan Cumming du côté souverainiste, et le footballeur David Beckham et l’écrivaine J. K. Rowling de l’autre. Les Écossais ont su se prouver acteurs à part entière de la vie politique. Le défi a été relevé par les dirigeants politiques britanniques qui ont promis, en amont du vote, une plus grande dévolution, notamment en matière de taxation, dans le cas où le « non » l’emporterait. Le Premier Ministre écossais et dirigeant du Parti National Écossais (SNP) Alex Salmond, a annoncé sa démission suite à l’annonce des résultats. Les personnalités de la campagne se sont exprimées sur les résultats. Alan Cumming a posté sur Twitter vendredi matin un message d’espoir : « Oui a encore du sens. Souvenez-vous en, s’il vous plait ». J. K. Rowling, elle, s’extasie : « […] Nous devrions être fiers. »
Source d’inspiration
Partout dans le monde, la question écossaise s’est vue analysée par les différents mouvements souverainistes. C’est le cas notamment du Québec, où les députés du Parti Québécois (PQ) Alexandre Cloutier et Pierre Karl Péladeau jugent qu’il est temps de réveiller la volonté d’indépendance en la Belle Province. « On doit se mettre au travail, […] on doit avoir un projet clair », reconnaît M. Cloutier. Reconnaissant les qualités informatives de la campagne pour le « oui » en Écosse, il estime que ce dont le souverainisme a besoin au Québec, c’est de « répondre aux questions des Québécois ». Le référendum sur l’indépendance du Québec en 1995 avait été vivement critiqué pour son manque de clarté : les électeurs étaient mal informés, et la question posée était longue de 43 mots. C’est peut être la simplicité de la question écossaise qui a multiplié son impact, et le PQ reconnaît qu’il s’en inspirera pour les futures campagnes souverainistes. Le député Bernard Drainville insiste sur l’importance, de prendre le temps d’informer, de réfléchir et formuler l’indépendance pour faire de la cause souverainiste une cause plus forte. Dans le camp adverse, le député libéral Stéphane Dion craint un « effet de contagion » de la question écossaise. Le ministre conservateur Maxime Bernier, lui, nie en tout et pour tout son importance : « La souveraineté, l’indépendance, la sécession, appelez ça comme vous voulez, n’est pas populaire, et les Québécois veulent passer à autre chose », avait-il déclaré aux médias peu avant le référendum.
Il appartient à chaque pays d’écrire son futur, qui n’est pas toujours clair, ; le souverainisme existe, et il ne semble pas prêt de s’endormir.