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Manifester dans l’ordre

La Coalition syndicale pour la libre négociation lance un message au gouvernement.

Cécile Amiot

Ils étaient près de 50 000 manifestants, selon le Service de police de la Ville de Montréal. Une coalition syndicale d’employés municipaux rassemblée pour protester contre l’attitude du gouvernement libéral, pour revendiquer le droit à la libre négociation, concernant principalement le projet de loi 3, sur les régimes de retraite.

En face du portail Roddick, devant le bureau montréalais du premier ministre québécois Philippe Couillard, la foule est dense et le bruit assourdissant. Tous les syndicats concernés sont présents : la Coalition syndicale pour la libre négociation (créée pour l’occasion), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et les retraités de la Coalition. Les syndicalistes, employés municipaux, retraités, revêtent pour la plupart le t‑shirt rouge au slogan sans équivoque : « Le gouverneMent » et la casquette bleue titrée « Libre Négo ».  Impossible de ne pas les voir ou de ne pas les entendre. C’est qu’ils sont organisés aussi, et que depuis les débordements du 18 août dernier (lorsqu’un feu de contestation avait démarré devant l’hôtel de ville), ces militants semblent décidés à peser dans l’avenir du projet de loi du ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, M. Pierre Moreau. 

Si elle n’a pas pouvoir de légiférer, cette coalition entend bien utiliser un autre pouvoir, celui de « foutre le bordel », selon le mot de Marc Ranger, porte-parole de la Coalition syndicale pour la libre négociation. 

Et c’est déjà ce dont la Ville de Montréal a cherché à se plaindre ces deux dernières semaines, en amenant successivement devant la Commission des relations du travail (CRT) les syndicats des pompiers et des policiers de la ville, leur reprochant des longueurs dans leur traitement des appels d’urgence et une baisse des contraventions depuis le début des protestations contre le projet de loi 3. 

Les cols blancs et bleus, les pompiers, les policiers, les chauffeurs d’autobus ; c’est tout le monde municipal qui est en crise. Les autocollants ont envahi la ville, les policiers portent des treillis de toutes les couleurs, tout est fait pour montrer au gouvernement que son intention de ramener tous les régimes de retraite sous une seule loi, fixant la contribution des deux partis à parts égales, n’est pas acceptée.

À ce sujet, le dernier mot de Philippe Couillard remonte au 14 septembre. La parole était ferme : « Si l’attente est que nous modifiions les objectifs de notre projet et ses principes fondamentaux, ils vont être déçus. Et si l’on se fie au visage de la marionnette géante représentant le Premier Ministre samedi dernier, « ils » étaient en effet mécontents. 

Au mot de « solidarité », les clameurs s’élèvent. Jacques Létourneau, président de la Confédération des Syndicats Nationaux (CSN), rappelle au gouvernement qu’il va devoir « retrouver la mémoire », en faisant référence aux luttes syndicales que les libéraux ont essuyées, non sans dégâts, en 2012. Après plusieurs discours d’exhortation, les militants se dispersent dans l’ordre, suivant les consignes du porte-voix, déterminés, d’ici les deux mois qui les séparent du vote du projet de loi, à peser dans la balance. 


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