C’est au Centre Saint-Pierre, dans le quartier du Village, que se sont retrouvés syndicats et étudiants luttant contre l’austérité et pour les droits syndicaux, le jeudi 9 octobre 2014. Ils se sont réunis sous une même bannière : le Comité Printemps 2015. Le rendez-vous a été donné à 19 heures dans une grande bâtisse de la rue Panet. Une cinquantaine d’étudiants (la plupart en science politique) sont présents. Il y a aussi une poignée de personnes sans emploi plus âgées, le Comité Printemps 2015 ayant pour but de ne pas être une organisation strictement étudiante. Ce comité est organisé depuis la réunion du premier Comité Printemps 2015 qui a été lui-même organisé à la suite des mandats adoptés par l’Association Facultaire Étudiante des Sciences Humaines de l’UQAM (AFESH) et l’Association Facultaire Étudiante de Science Politique et Droit de l’UQAM (AFESPED). Cependant, la très grande majorité des participants a bien précisé venir à titre personnel même s’ils font partie de multiples associations étudiantes ou syndicats. L’événement Facebook décrit l’initiative comme « une réunion destinée à l’organisation et à la planification des activités de l’ensemble du Printemps 2015, elle permet des discussions élargies et la coordination des comités locaux ».
Après le premier point à l’ordre du jour où chaque participant à la conférence est invité à décliner son identité, les modérateurs passent à un « état des lieux » au niveau syndical et au niveau des mobilisations contre l’austérité dans la région montréalaise. La plupart des interventions portent sur les suppressions de chargés de cours, ce qui a pour conséquence de réduire l’offre de cours (qui touche surtout les sciences sociales) mais aussi leur qualité. Une membre de l’Association of Graduate Students Employed at McGill (AGSEM) intervient : elle rappelle tout d’abord la coupe de cent chargés de cours l’année dernière. Elle souligne en particulier que l’AGSEM a revendiqué une augmentation de postes et d’heures d’enseignements par individu. Les syndicats d’auxiliaires étudiants ont été en grève deux fois et ont réussi à obtenir des concessions de la part de l’administration. Elle annonce donc une grève probable le semestre prochain. Les principales conclusions de la réunion concernent le rôle et le fonctionnement du Comité Printemps 2015 ainsi qu’un objectif qui est de « s’organiser et se donner les moyens de s’organiser ».
Ras-le-bol
Le Comité Printemps 2015 souhaite le lancement d’une campagne contre l’austérité qui s’articule autour de deux axes : le premier concerne la lutte contre l’austérité en santé, en éducation et dans les services sociaux. Le deuxième concerne les droits syndicaux (lutte contre la réouverture des conventions collectives, l’attaque contre les régimes de retraites et contre les lois spéciales). Il souhaite entre autres que le discours de la campagne pose le problème de l’austérité, « non pas comme une fatalité mais bien comme un projet idéologique de démantèlement des services publics ». Enfin, le comité souhaite que ces revendications soient posées comme un ultimatum au projet d’austérité et comme une menace d’une grève reconductible en 2015.
Cette réunion semble s’inscrire dans une tendance assez large d’un ras-le-bol à l’égard des compressions budgétaires qui touchent les universités québécoises. Jean-François Nadeau, journaliste au Devoir, parle de « coups de marteau déguisés en politique publique » dans un article datant du 6 octobre. Le 15 octobre 2014, le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Jonathan Bouchard, a dénoncé la nouvelle série de compressions dans les budgets 2014–2015 en cours dans les universités qui seraient victimes des choix du gouvernement libéral dans un communiqué de presse. Le même jour, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) réclame la levée des compressions et du gel des effectifs pour « éviter un désastre assuré ». Cette dernière souligne que les mesures d’austérité contre les universités mettent en péril la viabilité et la qualité des programmes universitaires, entrainant une réduction de l’encadrement pédagogique ainsi qu’une suppression de cours et de services aux étudiants.
Cette levée de boucliers contre les coupures dans les universités (allant jusqu’à 172 millions de dollars selon M. Bouchard) s’inscrit donc dans un mouvement général d’opposition contre les mesures d’austérité dans les milieux syndicaux. Beaucoup d’étudiants présents à la réunion du 9 octobre ont prévu de se rendre à la manifestation contre les mesures d’austérité du 31 octobre prochain lancée par la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics. Le Comité Printemps 2015 confirme à ce jour la venue de plus de 14 000 participants sur son site Internet. La mobilisation semble être forte du côté des syndicats et, comme l’indique le nom de leur comité, ils n’hésiteront pas à lancer un nouveau « Printemps » de manifestations en cas de poursuite de la politique actuelle par le gouvernement.