« Demande, écoute et respect mutuel ». Tels étaient les trois axes clefs de la première semaine du consentement à McGill, qui s’est tenue du 20 au 24 octobre (et du 22 au 24 sur le campus Macdonald). Cette campagne éducative est le fruit d’une collaboration entre le personnel de McGill et de nombreuses associations étudiantes. Le SACOMSS [Sexual Assault Centre of the McGill Students’ Society, Centre des Agressions Sexuelles de l’Association Étudiante de McGill, ndlr], le Bureau de l’équité sociale et de l’éducation sur la diversité (SEDE), le groupe Union for Gender Empowerment, le comité éthique de l’AÉUM ou encore, entre autres, Healthy McGill, ont mis en place une série d’ateliers, de discussions et de projections de films afin d’encourager la réflexion sur ce qu’est le consentement. Bien qu’il s’agisse principalement de prévenir les agressions sexuelles, la notion de consentement a été abordée dans un cadre plus général. En effet, « le consentement n’est pas toujours sexuel et affecte de multiples aspects de notre vie » rappellent les intervenantes de l’atelier Zones Grises et Consentement. En examinant divers scénarios ou lors de discussions sur l’écoute active, les participants ont donc réfléchi sur comment mieux communiquer, l’objectif étant de prendre conscience des rapports de pouvoir implicites et des contextes pouvant brouiller les limites du consentement dans nos interactions quotidiennes. Les discussions ont également porté sur les manières d’aborder le consentement, car l’aspect « demande » semble poser le plus de problèmes pratiques. Selon la facilitatrice Vareesha, les gens rapportent souvent qu’il est bizarre et gênant de demander à quelqu’un son consentement explicite. « Vous savez ce qui est encore plus gênant ? Commettre une agression sexuelle », répond-elle en distribuant des exemples de phrases à utiliser pour clarifier une situation. Le comité d’équité de l’AÉUM a également organisé une discussion sur les mesures à prendre pour promouvoir une culture du consentement au sein de l’université.
Les événements ont eu un succès variable en termes de participation. Ainsi, l’atelier de mardi a attiré une quinzaine de participants tandis que celui du jeudi était principalement constitué des facilitateurs. L’écrasante majorité des participants était d’ailleurs composée de participantes, ce qui suggère qu’un important travail de sensibilisation reste à faire sur le campus. Certains interrogés par Le Délit regrettent que le contenu soit resté relativement superficiel. C’est le cas de Rose et Micah, qui disent ne pas avoir appris beaucoup plus que ce qu’ils savaient déjà. Il est vrai que le public touché par la semaine du consentement est en général déjà sensibilisé aux thèmes abordés. Toutefois, les étudiants ont activement pris part aux discussions et ont majoritairement apprécié ces activités.
L’intervenante Isabel, membre du comité de l’équité de l’AÉFA, explique en entrevue avec Le Délit que cette campagne constitue une réponse à une certaine passivité de l’université en matière de prévention des violences sexuelles. Elle rappelle que McGill n’a pas de politique officielle concernant ces cas et que ces agressions sont fréquentes sur le campus, bien que les gens n’en aient pas conscience. Des associations comme le SACOMSS pressent d’ailleurs McGill d’adopter une politique claire en matière d’agressions sexuelles, en particulier suite à la réaction très tardive de l’administration face aux accusations visant les anciens joueurs des Redmen. Selon les intervenants, la responsabilité de combattre la culture du viol sur le campus ne devrait pas incomber seulement aux étudiants.