L’entente franco-québécoise, signée en 1978, permet présentement à 12 000 Français d’étudier au Québec au tarif québécois et à plus de mille Québécois d’étudier en France au tarif français. La renégociation de l’accord fait jaser des deux côtés de l’Atlantique. Le Délit vous rapporte les propos d’étudiants québécois en France et d’étudiants français au Québec.
« J’ai été très attirée par le multiculturalisme et le dynamisme de [Montréal]. De plus, à mon avis, une institution d’études secondaires en France n’ofre pas le même cadre de diversitéd’opportunités au niveau des implications parascolaires. Ici, quel que soit votre intérêt, il y a souvent une structure, un système de soutien et des connaissances institutionnelles en place qui vous permettent de l’explo- rer. […]. En tant que représentante étudiante sur l’AÉFA et l’AÉUM, et une des seules Françaises sur chaque conseil, je me dois de représenter adé- quatement la communauté française et de me battre contre la hausse quel que soit mon point de vue personnel. » Lola Baraldi, Vice-présidente aux afaires externes de l’AÉFA, McGill
« Je crois [que les relations Québec-France] sont bonnes, mais il y manque, je crois, d’un fort sentiment de fraternité. Les pays de la francophonie devraient se serrer les coudes de façon plus manifeste encore. » Maxime, Récemment diplômé, Lettres, Université Paris-Sorbonne (Paris IV)
« D’un point de vue personnel, ça m’embête [l’augmentation des frais de scolarité]. Mais c’est injuste que les Canadiens paient plus que [les Français] qui n’ont aucune attache ici. Les Canadiens restent, c’est leur pays. [L’augmentation des frais de scolarité pour les Français] est juste pour les Canadiens. » Miki Larrieu, U3, Faculté de gestion, Université McGill
« C’est dommage [la renégociation de cet accord]. […] Ce n’est pas au proit des universités. […] McGill et Montréal attirent les Français grâce à l’environnement bilingue qu’on y trouve, [et parce que] le Québec est un choix abordable. [En renégociant cet accord], les Français ne viendront plus, le Québec va perdre des gens. » Thibault Leyne, U1, Faculté de génie, Université McGill
« L’ accord entre le Québec et la France a facilité la procédure de visa, qui était tout de même vraiment compliquée à faire ! J’aime aussi beaucoup le fait que je puisse garder mon assurance de la RAMQ en France sans avoir à souscrire à une assurance étudiante. » Stefany, Développement international et mondialisation, Sciences Po Paris
« Des étudiants de mon lycée étaient venus à McGill et m’avaient recommandé l’Université. Les études au Québec représentaient la meilleure option inancière pour ce que c’était. Je n’avais pas envie d’être un fardeau [économique] pour ma famille. [La possibilité] d’étudier en anglais [est aussi] un avantage. » Elisa Sauvage, U4, Majeure en histoire de l’art, Université McGill
« L’Université [McGill] veut être internationale, mais elle met des barrières [aux étudiants étrangers]. […]. Les études en France sont beaucoup moins chères. Le seul accord qui permet une expérience internationale abordable [pour les Français], c’est celui avec le Québec. Sans accord, je ne serais pas ici. [La renégociation de l’accord] change la donne. » Charlotte Martin, U2, Majeure en sciences politiques, Université McGill
« J’étais attiré en France par la possibilité de vivre en Europe et de voyager dans le continent, la réputation de Sciences Po et la culture française, particulièrement la nourriture… [Par contre] j’étais très surpris, honnêtement, par les prix en France. Je m’attendais à une vie européenne très chère, mais ce n’est vraiment pas le cas. Ceci est peut-être à cause du fait que Reims n’est pas une grande ville comme Paris. » Sam, U1, Majeure en Relations Internationales, campus de Sciences Po Paris à Reims
Si les frais de scolarité augmentent, […] cela rendra le Québec moins at- tractif et accessible. Les jeunes iront plutôt en Australie ou en Amérique du Sud. Vous stopperiez une manne dont vous avez aussi besoin. Je suis fier de vivre au Québec, ier de partager cette culture et surtout de la promouvoir quand je rentre en France pour voir ma famille. Je compte […] demander la résidence permanente en vue d’obtenir la nationalité pour rester vivre ici, de préférence à Montréal. Les chances d’avoir une bonne job sont bien meilleures, [les stages] sont bien mieux payés qu’en Europe et surtout on donne aux jeunes bien plus de responsa- bilités : on leur fait coniance. » Xavier Khan, U3, Administration des afaires, HEC Montréal
Toutes les procédures administratives sont très compliquées et longues à faire. Il faut se munir de beaucoup de patience ! La majorité des documents ne sont pas numérisés et ça complique la vie de tout le monde. Les bureaux ressemblent souvent à la caverne d’Alibaba. » Gabrielle, Récemment diplômée du master spécialisé en entrepreneuriat, HEC Paris
De manière objective, il me me semble concevable voire normal de devoir payer comme les Canadiens et comme les Québécois. On reste malgré tout privilégiés par rapport aux autres pays et aux autres étudiants étrangers. D’un côté plus personnel, si cette augmentation vient à passer, j’ai peur que cela n’écourte mon aventure québécoise et peut-être m’empêche de continuer ma vie ici après… Les tarifs vont être chers, doubler carrément les frais d’un coup c’est énorme ; cela va contraindre un grand nombre d’étudiants français à rentrer. […] Je comprends qu’il faille remédier au problème du déicit, mais il me semble que le Québec a besoin de l’immigration, et nous som- mes une majorité à venir contribuer au développement de la province et à rester par la suite. »
Margaux Gevrey, U1, Enseignement théâtral, UQAM