En septembre dernier, Gone Girl, adaptation cinématographique du livre de Gillian Flynn Les Apparences, faisait une entrée fracassante en salles. Porté par le célèbre réalisateur David Fincher, et des critiques plus que positives, le film connaît un gros succès et est même considéré par certains comme le film de l’année.
Gone Girl, c’est l’histoire de Nick (Ben Affleck) et Amy (Rosamund Pike), un couple marié, en apparence normal. Leur destin est bouleversé quand Nick rentre chez lui, le jour de son anniversaire de mariage, et retrouve sa maison saccagée. Se rendant compte de la disparition d’Amy, il contacte immédiatement la police. Cependant, la scène de crime douteuse, des révélations de plus en plus accablantes, et surtout, la découverte du journal intime de sa femme, vont projeter Nick à la place de suspect numéro un et d’homme le plus détesté de la nation. Ni Nick, ni le spectateur, ne semblent reconnaître l’infâme personnage décrit par Amy dans son journal quand elle présente son mari. Qui est le véritable menteur ? Où est passée Amy ? Mais surtout, qui est-elle réellement ? Le spectateur interloqué s’engage dans une véritable bataille psychologique avec les deux personnages.
Certains diront que la tâche de réaliser ce film était grandement simplifiée par un scénario de génie concocté d’avance par Flynn. Il est vrai que le lecteur devenu spectateur sortira sûrement avec un fort sentiment de déjà vu tant le scénario respecte celui du livre. Comment reprocher cependant à Fincher d’avoir esquivé la plainte tant de fois entendue : « ils ont vraiment massacré le livre » ? Le réalisateur rend justice au best-seller sans trahir son registre : l’atmosphère sombre, légèrement teintée d’humour, qu’on lui connaissait était presque déjà présente dans Les Apparences.
Il faut de plus considérer la difficulté de travailler avec le format du roman. En effet, la moitié de l’œuvre est constituée du journal intime d’Amy, qu’il fallait adapter sans interrompre la tension de l’action. Pari réussi, notamment grâce à Rosamund Pike, qui tient bien son rôle. Moins connue que son homologue Ben Affleck, elle a toutefois été acclamée par la critique pour sa performance. Le spectateur oscille entre des émotions très variées à l’égard d’Amy, sans tomber dans les extrêmes, jusqu’à ce qu’il saisisse sa réelle identité. Ne l’appréciant ou ne la détestant jamais complètement jusqu’à ce moment précis, le spectateur subit le jeu de l’actrice britannique, qui respecte très bien la principale caractéristique de son personnage : insaisissable.
En résumé, sans s’éloigner des grandes lignes du roman, et avec l’aide de la bonne performance des acteurs, Fincher réussit son pari : il crée une ambiance insoutenable, menant à un spectaculaire final qui ne déçoit en rien. Si le spectateur a lu le roman, il sera peut-être un peu déçu d’une certaine absence de prise de risques. Il retrouvera cependant les ingrédients qui lui avaient fait apprécier le livre, et peut-être quelques-uns en plus. Quoiqu’il arrive, il ne sortira pas sans émotion. Personne ne le fera. C’est déjà une très belle réussite.