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Pour Charlie, même pas froid

Des milliers de personnes rendent hommage aux victimes de Charlie Hebdo.

Éléonore Nouel

Un crayon levé. Dans la foule réunie devant le consulat, ils étaient beaucoup à avoir repris ce symbole, comme un moyen d’honorer l’outil de travail des caricaturistes. Comme un moyen de montrer que la lutte pour la liberté de la presse n’est pas à terre mais bien debout. À l’image des rassemblements organisés dans les villes françaises, Montréal s’est mobilisée suite à la tuerie perpétrée dans la rédaction de Charlie Hebdo. Malgré une température de ‑25 degrés centigrades ils étaient nombreux (près de 2500 selon les organisateurs) dès 18h devant le 1501 Avenue McGill College.

Le mercredi 7 janvier, aux alentours de 11h30 du matin à Paris, deux hommes cagoulés sont entrés dans les locaux du journal satirique. Ils ont abattu dix des personnes présentes pour le conseil de rédaction, incluant dessinateurs, journalistes, invités ainsi que deux policiers. En France, l’émoi est énorme. À Montréal aussi, puisqu’à peine quelques heures après l’attentat, une page Facebook pour un rassemblement a été créée, et comptait 5000 invités confirmés à 15h le même jour. 

Presque toute l’avenue, du Boulevard Maisonneuve à la rue Ste Catherine, était occupée mercredi soir. Majoritairement des Français installés à Montréal, on pouvait cependant voir deux ou trois drapeaux québécois et des pancartes en anglais : « We are all Charlie ». À 18h30, des slogans commencent à être entonnés : « Même pas peur », « Charlie », « Liberté de la presse » scande la foule. Puis c’est la « Marseillaise » qui est chantée. Enfin, un homme s’empare d’un micro et sur une butte de neige s’adresse à la foule. Il remercie tous ceux qui sont présents, loue cette force de mobilisation et propose une minute de silence. Celle-ci terminée, les slogans reprennent. La foule brandit ses pancartes de Charlie Hebdo, caricatures, et bien sûr la formule « Je suis Charlie », largement reprise sur les réseaux sociaux et dans les manifestations.

La communauté mcgilloise était présente en masse. Marie, en 1ère année en sciences politiques, est venue avec ses amies « montrer sa solidarité » . Prévenue par une alerte info du Monde, elle a passé toute sa journée à suivre heure par heure la situation. « J’ai vraiment été choquée, j’ai reçu la nouvelle comme un coup de marteau. » Jean-Gabriel, en année d’échange à McGill, a découvert la nouvelle sur Facebook, et trouve cette mobilisation très belle : « C’est toujours émouvant et fort de voir qu’à 6000 km de la France, un groupe de quelques personnes peut lancer spontanément la Marseillaise ! »
Cependant, parmi tous ces étudiants francophones de McGill, certains n’appréciaient pas beaucoup l’humour du magazine. C’est le cas de Matthieu, citant Voltaire pour expliquer sa venue : « Je combattrai toujours vos idées ; mais je me ferais tuer pour que vous ayez le droit de les exprimer. ». Des citations, on en retrouvait aussi sur des pancartes, comme celle-ci : « C’est l’encre qui doit couler, pas le sang ». Ces slogans et ces pancartes étaient au même moment repris à d’autres endroits à travers le Canada. À Québec et  à Toronto, des rassemblements ont également eu lieu. Si la mobilisation du 1501 Avenue McGill College regroupait essentiellement des Français, une autre s’est déroulée en même temps devant l’Hôtel de ville de Montréal, et rassemblait, derrière le maire Coderre, beaucoup de Québécois. 


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