La suspension de treize étudiants de l’Université Dalhousie (Halifax), annoncée le 5 janvier dernier, met un terme à la controverse initiée il y a quelques semaines. En décembre, ces étudiants avaient publié sur Facebook des commentaires misogynes concernant l’intoxication et le viol, faisant la mention de certaines de leurs camarades de classe. C’est à la suite de la médiatisation de ces propos, à l’origine tenus sur un groupe privé, que le scandale a éclaté.
Quatre professeurs de l’Université ont porté plainte au nom des étudiantes visées par les commentaires. Selon Le Journal de Montréal, cette procédure avait pour but de leur éviter les conséquences morales d’une accusation ou d’une identification publique. Le 22 décembre, ils rendaient publiques ces plaintes, afin d’accélérer le processus juridique, craignant que le semestre d’hiver commence sans qu’un verdict n’ait été formulé. La plainte a été rejetée samedi par l’administration, qui explique qu’il est impossible de réviser l’affaire sous le code de conduite étudiant pour la simple raison qu’une enquête est déjà en cours au sein du comité des normes de l’Université.
L’Université a mis en marche le processus confidentiel de justice réparatrice, qui favorise le dialogue entre les victimes et les accusés pour régler leurs différends. Le 5 janvier, l’Université a annoncé que les finissants en médecine dentaire impliqués dans l’affaire sont interdits d’activités cliniques sur le campus, mais pourront terminer leur cursus par correspondance.
L’anonymat des treize étudiants a aussi été préservé tout au long du procès, malgré la demande faite par certaines organisations professionnelles de santé pour publiciser leurs noms. Le registraire du Collège royal des chirurgiens dentistes de l’Ontario (RCDSO), Irwin Fefergrad, déplore ce fait et a déclaré en entretien avec l’Agence QMI qu’il serait par conséquent contraint, au cours de tous les entretiens d’embauche à venir, de demander à tous les sortants de Dalhousie s’ils ont été impliqués dans l’affaire.
L’Université a été critiquée pour sa lenteur dans la gestion du procès et pour le verdict, qui est aux dires de certains trop clément. Vendredi matin, un rassemblement d’étudiants accusait la procédure à huis clos et la décision : « Nous voulons une justice centrée sur les victimes », clamaient les pancartes ; « Votre décision, conseil des gouverneurs », réclamaient d’autres.
Le traitement des aggressions sexuelles à McGill
L’Université McGill est elle aussi accusée de lenteur pour sa réaction face au problème que représentent les agressions sexuelles sur le campus. Depuis l’an dernier, le SACOMSS (Sexual Assault Centre of the McGill Students’ Society [Centre des agressions sexuelles de l’Association Étudiante de McGill, ndlr]) presse McGill d’adopter une politique pertinente pour déterminer un traitement approprié des agressions sexuelles sur le campus. Une commission spéciale est responsable d’une tentative de rédaction. La commission est composée du SACOMSS, du UGE [Union for Gender Empowerment, Union pour l’habilitation des genres, ndlr], le Groupe de Recherche d’Intérêt Public (GRIP) McGill ainsi que la v.-p. aux affaires universitaires de l’AÉUM Claire Stewart-Kanigan. Cette nouvelle politique se veut proactive et non réactive ; elle travaillera pour la promotion de la sensibilité au consentement.