« Hey now, Hey now » commence Hannah Reid, chanteuse du groupe London Grammar, sur quelques notes de piano. La salle, immédiatement, est étreinte par la voix aussi intense que puissante de la chanteuse. Hannah Reid est accompagnée de Dot Major au synthé et aux percussions et de Dan Rothman à la guitare. Ce trio formé à Nottingham connait depuis trois ans une ascension fulgurante, qui « choque » d’ailleurs encore ces jeunes tout juste sortis de l’université, comme l’avouait Dot à la CBC. Et pour cause, leur album If You Wait est devenu album de platine au Royaume-Uni et en France. Pourtant, encore aujourd’hui, internet apporte peu d’informations sur eux, ce qui est dû à la fois à leur courte carrière, à un tempérament assez réservé, mais surtout à un désir de faire peu de presse pour mettre leur musique au premier plan. C’est à travers leur proposition musicale que les fans pourront apprendre à les connaitre, Hannah décrivant ses paroles comme « personnelles et introspectives ».
Après la sortie de leur premier EP en février 2013 et de leur premier album en septembre de la même année, London Grammar avait entamé une première tournée européenne fin 2013, se produisant dans toutes les grandes villes d’Europe et dans plusieurs festivals comme celui des Inrocks à Paris. Attendu en novembre dernier en Amérique du Nord, le groupe avait annoncé en octobre – au plus grand dam de leurs fans – le report de la tournée nord-américaine au mois de janvier 2015. Vendredi dernier, les fans montréalais ont donc enfin pu assister au concert du groupe anglais à l’Olympia de Montréal. Qu’elle soit posée sur quelques notes de piano ou accompagnée par le son des percussions et de la guitare, la voix de la chanteuse sait toujours trouver la bonne note, la bonne intensité. Le groupe parvient à insuffler de la chaleur malgré des tonalités assez classiques, résultat du contact entre le chant mélancolique plein de grâce d’Hannah et les rythmiques déstructurées planantes des deux musiciens. Les chansons, comme le passage d’une main sur une longue robe en velours, se suivent et se mêlent les unes aux autres, délicatement, pour créer un tout qui caresse l’imaginaire de tous. Le groupe, en entretien avec CBC, expliquait que l’esthétique minimaliste de l’album s’est développée avec le temps, suite à plusieurs expérimentations qui les ont confortées dans l’idée que la voix d’Hannah brillait dans cet univers épars. Ce minimalisme donnant naissance à un univers aérien a séduit le public mais également la maison Dior qui a repris Hey Now pour sa nouvelle campagne J’adore.
La salle de l’Olympia, loin d’être aussi grande que certaines salles de concert à Montréal, convenait parfaitement au naturel du groupe, décontracté en jeans et t‑shirts. Dot Major n’a pas manqué de partager quelques anecdotes avec le public – et en français s’il vous plait ! Mais l’ambiance intimiste n’a pas empêché la foule d’être, comme l’a souligné la chanteuse, une des plus bruyantes que le groupe ait vu. À l’Olympia, une chose est sure, vieux et moins vieux ont été charmés par le timbre suave d’Hannah Reid et l’énergie de ses deux compagnons. Le seul petit bémol est que le public venu en grand nombre acclamer le groupe a dû se satisfaire d’une heure de concert seulement.