Si vous n’avez pas encore entendu parler du Kalmunity Vibe Collective, vous avez la chance de croiser la route de cet article. Composé de poètes, musiciens, chanteurs, MCs est fondé en 2003 par le créateur et musicien Jashung, et il fait maintenant partie des plus larges collectifs musicaux du Canada et probablement des plus variés. Définir clairement le style de Kalmunity relève du défi tant ses musiciens mélangent les inspirations et les domaines d’exploration, navigant entre le jazz, le R&B, la Soul, le Hip Hop, le Reggae et j’en passe.
Tous les dimanches, quatre membres du groupe sont rejoints par des invités qui jouent pour le plaisir de nos oreilles, elles aussi prêtes à clore comme il se doit la semaine qui s’achève. Dimanche dernier, le collectif se composait d’un batteur, un pianiste, un percussionniste, deux saxophonistes, un bassiste et une chanteuse. Détail choc : tous les membres du groupe à l’exception du premier saxophoniste portent un bonnet. Pourtant, il ne fait pas froid dans le raisonnant Café Résonance, bien au contraire : on peut difficilement penser à un endroit plus chaleureux lorsqu’on compare la neige envahissante de cet hiver montréalais avec les fauteuils et les boissons chaudes du café.
Lorsqu’on est en compagnie de Kalmunity, l’hiver disparaît. Il se fond dans le mélange réconfortant que forment les percussions, accords et notes de saxophone qui accompagnent la chanteuse Malika Tirolien dès les premiers airs, doucement, sous le regard impatient des chanceux du dimanche soir. Au fur et à mesure que les chansons défilent, le rythme s’accélère et les musiciens alternent des morceaux qui bougent avec des chansons aux allures romantiques où le saxophone s’adoucit et laisse le piano prendre les devants. Pas de titres annoncés chez Kalmunity, les morceaux ne portent pas de noms et ne sont pas calculés à l’avance comme nous l’informe la chanteuse : c’est 100% improvisations. Alors on repense à ce qu’on vient d’entendre et on constate que si on ne l’a pas deviné c’est qu’ils doivent être bons pour parvenir à créer aussi spontanément un ensemble harmonieux.
Il est agréable de voir que certains sont vraiment venus pour danser : au milieu de la salle, une femme se laisse complètement aller sous les yeux des autres, qui n’osent pas ou ressentent simplement la musique différemment. Ils n’osent pas ou ils ont rapidement deviné, eux, que la danseuse fait en fait partie du spectacle comme en témoignent plusieurs regards complices qu’elle échange, entre deux mouvements, avec les membres du groupe.
Quoi qu’il en soit, qu’on s’y connaisse vraiment, qu’on pense s’y connaître ou qu’on entende du jazz pour la première fois, on se sent ici à l’aise. On pourrait songer, avec un air sérieux, à des accords compliqués mais l’on préfère se souvenir comme la musique a ce don de nous faire voyager. Pendant quelques petites secondes, lorsque l’effet de la musique nous affecte un peu plus intimement et qu’on parvient à s’oublier, on ferme les yeux et on ressent des frissons. Peut-être que nous aurions dû, nous aussi, garder notre bonnet.