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Triplement des frais de scolarité

La ministre St-Pierre dévoile la teneur de la nouvelle entente franco-québécoise.

Le couperet fatal est tombé. Dans un communiqué conjoint publié le jeudi 12 février, les ministères des Affaires étrangères français et québécois ont confirmé la nouvelle qui menaçait les étudiants français au Québec depuis le dépôt du budget Marceau en février dernier. À compter de l’automne 2015, ces derniers seront « assujettis au tarif applicable à l’égard des étudiants canadiens non-résidents du Québec ». Aussi, de 2224 dollars par année d’étude, les étudiants français de premier cycle devront débourser 6650 dollars, soit le triple de leur facture actuelle.

Cette nouvelle entente bilatérale viendra remplacer celle de 1978, qui assurait aux étudiants des deux pays un traitement similaire en termes de frais de scolarité sur les deux territoires. Alors qu’on évalue le nombre d’étudiants québécois en France à 1300, on estime aujourd’hui à 12 500 le nombre d’étudiants français au Québec, parmi lesquels deux tiers seraient inscrits à un programme de premier cycle universitaire, soit les étudiants visés par les nouveaux accords.

Tel qu’espéré par la diplomatie française, les étudiants des deuxième et troisième cycles ne verront pas leur facture augmenter. En revanche, l’idée énoncée en novembre, lors de la visite du président François Hollande, d’un système de quotas d’exemption des frais de scolarité, établi sur des critères de diversité, a été mise à la porte. Par ailleurs, l’ouverture des grandes écoles françaises aux étudiants québécois, souhaitée par le premier ministre Philippe Couillard, n’apparaît pas clairement à l’ordre du jour. 

Applaudissements à McGill

Dans la foulée de l’annonce gouvernementale, l’administration de McGill s’est empressée de publier un communiqué intitulé « McGill hails Quebec-France agreement » [McGill salue l’entente Québec-France, ndlr] où la principale Fortier se dit « ravie de voir une solide entente sur la mobilité étudiante au niveau universitaire signée entre le Québec et la France ».

Ailleurs sur le campus, le magazine étudiant de la faculté de gestion The Bull and Bear a publié l’opinion d’un étudiant appelé Jonah Silverman, qui condamne à plus forte raison les accords de mobilité étudiante entre la France et le Québec. Il les décrit comme « injustes » envers les Canadiens non-résidents du Québec et le contribuable québécois, poussant à l’« aliénation » des Canadiens dans leur propre pays. 

Protestations et inquiétudes 

Du côté des syndicats étudiants, le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) Jonathan Bouchard a dénoncé cette hausse avec virulence, déclarant être « choqué de cette décision, qui aura nécessairement un effet dissuasif sur leur choix [des étudiants français] d’étudier au Québec, car c’était entre autres pour cette raison qu’ils fréquentaient les universités québécoises ». M. Bouchard précise qu’une telle augmentation viendra particulièrement affecter les universités francophones et en région, lesquelles « dépendent grandement de la présence des étudiants français afin de conserver une offre de cours intéressante ». 

Même inquiétude du côté des chefs d’établissement du réseau de l’Université du Québec, représentant plus de 96 000 étudiants. Dans un communiqué conjoint publié le lundi 16 février,  ils déclarent être « préoccupés par les impacts qu’aura la hausse substantielle des droits de scolarité des étudiants français, inscrits au premier cycle, sur la fréquentation des universités québécoises ».

Le conseiller consulaire français Michaël Pilater, corédacteur d’une pétition contre la hausse en question ayant récolté plus de 4000 signatures, dit pour sa part regretter « la décision prise conjointement par la France et le Québec. Il y a un fort risque pour le Québec de voir la population étudiante française diminuer, puisqu’ils sont 70% à opter pour les études universitaires de premier cycle », explique t‑il.

Dernière tentative

Selon le député de la première circonscription des Français établis hors de France — Amérique du Nord, Frédéric Lefebvre, les inscriptions des étudiants français au premier cycle pour la rentrée automnale 2015 s’élèvent déjà à 4700 et ont été motivées par des frais de scolarité moins élevés que ceux qui entreront en vigueur. 

Aussi, dans une lettre adressée le vendredi 13 février au premier ministre français Manuel Valls, M. Lefebvre a demandé que le gouvernement français obtienne « que les étudiants français déjà inscrits ne soient pas [sic] soumis aux conditions nouvelles de cet accord qu’à la rentrée 2016 ».

La nouvelle entente devrait être signée lors de la visite officielle du premier ministre Philippe Couillard en France, du 2 au 6 mars prochain.


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