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Dans une université près de chez vous

Éditorial.

L'Organe

Il était temps. L’Organe, le magazine étudiant francophone de l’Université Concordia — l’équivalent du Délit à McGill —, est à nouveau parmi nous, après plusieurs années sur la glace. De retour à la fin mars, la prochaine édition de l’Organe aura pour thème « bleu », et sera distribuée gratuitement sur le campus et en ville.

Il était non seulement temps, il était moins une. Le 11 décembre 2013, après trente mois sans publications, le Conseil des Gouverneurs de l’Université Concordia avait décidé de suspendre le financement étudiant du magazine francophone, lui donnant trois semestres de délai pour réapparaitre, sans quoi sa cotisation automatique serait coupée définitivement.

Contactée à la dernière seconde par Le Délit, la nouvelle rédactrice en chef, Charlotte Parent, explique la situation actuelle du magazine : « l’Organe a officiellement un nouveau conseil administratif et un nouveau comité de rédaction. » Du côté administratif, « une nouvelle constitution, plus transparente et plus complète que l’ancienne, dont nous avions hérité, a été votée et un processus légal est en cours pour avoir accès au compte en banque, avec l’aide d’un professeur de Concordia ». 

Joie ! Notre presse étudiante avance, se réforme, se pense. Pour ceux que cela intéresse, il nous a semblé capital de nous poser la question suivante : « D’où vient l’Organe ? », question qui justifie les élucubrations ci-dessous. 

Ceci est une histoire qui ne se passe pas sur le campus de McGill. Nous sommes en janvier 2002 et il fait froid, comme d’habitude, dans les rues de la ville où devrait se situer le campus de Concordia. Un étudiant répondant au nom de Gabriel Anctil, qui prétend suivre le programme de Communications de l’Université, sans savoir qu’il sera près de quinze ans plus tard publié aux éditions XYZ pour son deuxième roman, a une idée. Il dit, et le premier journal étudiant francophone de l’histoire de Concordia voit le jour. Il s’appelle le Concordia Français et son programme d’action nous fait encore vibrer : il « encrera l’université dans la ville qui l’a vu naître et qui l’a créé. Elle ne doit plus vivre dans sa tour d’ivoire, mais bien quitter son nuage pour s’ouvrir à ce qui l’entoure. Ce journal sera le véhicule de la créativité et d’un journalisme qui cherchera à comprendre, à fouiller, à élucider ». Le « Concordia Français », quel joli titre ! Sans doute est-il inspiré du non moins joli « Délit Français » — nom officiel d’un autre journal étudiant —, mais cela ne nous regarde pas.

L’affaire n’est pas simple. À vrai dire, monter un journal étudiant, et le faire prospérer, est plutôt une entreprise ardue. Plus d’un s’y sont cassé les dents. Toutes sortes d’obstacles apparaissent. En mars 2003, un premier référendum à la Concordia Student Union pour obtenir une cotisation étudiante de 6 cents par cours échoue à quelques voix près. Qu’à cela ne tienne, à l’automne suivant un nouveau référendum pose la même question, passe, et depuis lors le Concordia Français reçoit une cotisation étudiante qui lui permet de tirer à 3000 exemplaires, une fois par mois ou trois fois par semestre. 

Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Pour des raisons qui nous sont encore inconnues à ce jour, le Concordia Français, que l’on surnommait aussi « le bateau ivre », coule par un beau soir d’hiver, dispersant gouvernail et grappin. 

Rien n’est perdu. En janvier 2006, de nouveaux étudiants, probablement inscrits dans des programmes de biologie, repêchent la carcasse du journal et fondent l’Organe, un magazine à thème. Le canard barbote quelques années et puis après la collation des grades de 2011, le départ d’une génération entière d’éditeurs laisse le « mag’ à thème » de Concordia sans comité de rédaction pour la rentrée suivante. Depuis lors, toutes les actions menées pour son retour sur les stands ont échoué. Toutes ? Non ! Car depuis l’hiver 2014, des étudiants se rencontraient dans l’ombre pour discuter de l’avenir de l’Organe, attendant le moment propice pour redémarrer un magazine francophone à Concordia. Vous connaissez la suite, la boucle est bouclée. ξ


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