Amélie, vingt ans, la tête remplie de rêves et d’ambi tions, décide de prendre un aller simple pour Tokyo avec un seul but : celui de devenir Japonaise. Née au Japon de parents belges, passionnée par la culture nippone, elle se résigne à se confronter aux normes du pays du soleil levant. Elle veut devenir écrivaine, mais laisse de côté son inspiration pour donner des cours particuliers de français. C’est alors qu’elle rencontre Rinri, Japonais du même âge, qui devient son seul élève et par la suite son amant.
Tokyo Fiancée, réalisé par Stefan Liberski, raconte cette histoire d’amour entre une Belge atypique et excentrique et un Japonais parfait sous tous les abords et fou de culture française. Adaptation du livre d’Amélie Nothomb Ni d’Ève, ni d’Adam qui retrace la vie de l’auteure dans un Japon des années 1980, le film prend racine dans un Tokyo contemporain, moderne mais aussi traditionnel au coin des rues. Amélie va alors s’accoutumer chaque jour aux normes et habitudes japonaises par sa relation tendre et passionnelle entretenue avec Rinri. Mais Amélie reste une jeune fille de vingt ans, privilégiant son indépendance avant toute chose. Elle décide de s’attaquer mortellement au mont Fuji comme une sorte d’accomplissement philosophique. Quand il est question de mariage avec Rinri, les doutes l’envahissent. Elle fera alors languir son amoureux pendant longtemps. Mais chaque chose a une fin : la terrible catastrophe de Fukushima l’arrachera aux bras de Rinri, qui lui ordonne de rentrer chez elle. Les Japonais doivent rester seuls avec leur malheur, telles sont les paroles des habitants de la métropole. Le titre du film fait alors écho à la condition d’Amélie, fiancée à Rinri et à la culture japonaise dont le tsunami viendra l’arracher à sa vie japonaise comme ses parents l’ont fait quinze ans plus tôt.
Tokyo Fiancée remplit à merveille sa fonction de comédie romantique rafraichissante et itinérante : celui d’une rencontre entre deux cultures, qui se contemplent, s’entrelacent, s’enlacent, se confrontent et s’embrassent au fil des jours. Le film épouse un style nonchalant et contemplatif d’un Tokyo loin des néons et du rythme effréné de la capitale. La voix off d’Amélie nous fait découvrir la personnalité de l’héroïne et son esprit sans cesse en ébullition. La mise en scène est épurée, les plans sont somptueusement présentés, et les acteurs (Pauline Etienne et Taichi Inoue) incarnent à merveille cet amour de jeunesse. Le film est éclatant, ponctué d’humour par les nombreuses projections de l’imaginaire atypique d’Amélie, mais également par la confrontation entre les deux cultures. Tokyo Fiancée retrace également le parcours d’une jeune fille qui se découvre, faisant face à l’amour et à la sexualité, qui la feront devenir femme, comme chenille devient papillon.
Loin des productions à gros budget qui envahissent nos écrans, Tokyo Fiancée s’inscrit comme un film mélancolique et doux qui pousse le spectateur à se faire une image d’un Japon charmeur, poétique et fascinant. Une seule idée nous vient à l’esprit à la fin du film : celle de partir à la découverte du pays nippon.