À l’occasion de la Journée internationale des femmes dimanche 8 mars, une marche ainsi qu’un forum ont été organisés à Montréal afin de “dénoncer l’hypocrisie actuelle du gouvernement canadien, des élites et des grands États impérialistes qui prétendent aujourd’hui se battre […] pour la liberté et la démocratie” dans un environnement qui reste foncièrement sexiste. Dimanche à 13 heures, une foule relativement mixte que la police a estimée à environ 800 personnes s’est réunie près de Concordia, où se déroulait la conférence qui avait précédé la manifestation. La manifestation a débuté sur la place Norman-Béthune, au croisement des rues Guy et Maisonneuve, et s’est poursuivie le long de la rue Sainte-Catherine avant de remonter sur la rue McGill College jusqu’à Sherbrooke, où la procession s’est achevée vers 15 heures. En guise d’interludes, plusieurs activistes et porte-paroles d’associations pour les droits des femmes dans divers domaines ont abordé les nombreuses facettes du machisme dans la société canadienne.
Femmes et Printemps, main dans la main
La manifestation a été organisée dans le cadre du forum marquant l’occasion du 8 mars, forum qui comprenait une série de conférences intitulée « Construisons le monde que nous voulons !», par l’association Femmes de diverses origines, un groupe du Groupe de recherche en intérêt public (GRIP) Concordia. En effet, toute la marche était axée autour d’une volonté d’universalité : c’était le manifeste d’un événement féministe sans religion, sans nationalité, mais uni contre le sexisme, l’impérialisme et l’austérité.
En entretien avec Le Délit entre deux roulements de tambour, une activiste du mouvement Québec Solidaire a expliqué que les femmes sont les premières victimes de l’austérité, soit ses premières licenciées parce qu’elles représentent aussi la grande majorité des employés dans le secteur public. Dans un discours d’introduction, les porte-paroles de Femmes de diverses origines ont dénoncé les politiques libérales du gouvernement provincial, « les coupes et attaques envers les services de santé, l’éducation, le coût de l’énergie, les transports, l’assurance emploi et les droits les plus fondamentaux à une vie décente, à la dignité, et au travail », trop souvent excusées par le contexte économique actuel. En parcourant la foule du regard, on ne pouvait que noter l’abondance de pancartes de mouvements sociaux et syndicats dont l’axe de mobilisation principal est politico-économique : le Parti Communiste Révolutionnaire (PCR), Québec Solidaire (QS), Médecins Québécois pour le Régime Public (MQRP), mais aussi Femmes unies contre l’austérité (FUCA)… Plus qu’une réunion strictement féministe, la marche a servi à plusieurs reprises de véritable tremplin du mouvement naissant contre les politiques d’austérité.
Une thématique multiple
D’autres thèmes ont cependant été abordés au cours du rassemblement, notamment la place des femmes autochtones ou des femmes immigrées dans la population, la reconnaissance des activités au foyer, le consentement, le conflit israélo-palestinien ou encore les oléoducs et les sables bitumineux… Tant de sujets qui soulignent l’importance de « la moitié de l’humanité », pour reprendre les mots de Femmes de diverses origines au lancement de la marche.
Un monde trop masculin
Chaque année le 8 mars symboliquement, et chaque jour activement, les mouvements sociaux poussent les femmes à tenter de s’approprier une place dans un monde souvent trop masculin. Laure-Camille Chéné fait une majeure en mathématiques et statistiques, et une mineure en économie à McGill. En entretien avec Le Délit, elle a expliqué qu’alors que « dans [ses] classes, il y a toujours plus de gars que de filles », elle n’a jamais été témoin ou victime d’aucun acte discriminatoire. « Je crois plutôt que la discrimination survient plus tard, dans le milieu de travail, et non à l’université », a‑t-elle déclaré. Si McGill n’était pas forcément très représentée dans l’organisation de la marche de dimanche, une conférence organisée par l’association McGill Students for UN Women aura cependant lieu sur le campus mercredi 11 mars pour les mêmes raisons.