Le mouvement d’opposition à la construction de l’oléoduc Énergie Est au Québec, formé d’associations, de citoyens, mais aussi d’institutions publiques et de municipalités se développe et évolue. Depuis quelques semaines, c’est le chemin institutionnel et démocratique pour annuler le projet Energie Est qui a été privilégié par les opposants au projet. En effet, plus de 1800 individus ou associations ont soumis à l’Office national de l’énergie (ONÉ) des demandes de participation aux audiences sur le projet Énergie Est. Une partie de ces demandes provient d’étudiants mcgillois, dû à la campagne organisée par l’association Divest McGilll depuis quelques semaines pour que les étudiants démontrent leur opposition au projet.
Faire couler le projet
En août 2013, la compagnie TransCanada annonçait son projet d’oléoduc Énergie Est : une vaste entreprise de construction d’oléoducs, de conversion de gazoducs en oléoducs et d’aménagements annexes (installations maritimes, créations de terminaux de réservoirs pétroliers, etc.) qui aboutirait à la création d’un réseau de 4600km de tuyaux pouvant acheminer 1,1 millions de barils de pétrole brut issu de l’exploitation de sables bitumineux vers l’Est du Canada.
« Énergie Est », comme tout projet de construction énergétique, doit maintenant être approuvé par l’Office national de l’énergie du Québec (ONÉ). Plus de 1800 associations, organismes publics, municipalités et communes se sont inscrits aux audiences organisées à ce sujet par l’ONE, un nombre impressionnant qui démontre bien que la mobilisation prend une ampleur considérable. Le Devoir attribue cette réaction exceptionnelle entre autres à l’inquiétude : inquiétude d’HydroQuébec, qui appréhende les externalités négatives sur son réseau de distribution électrique et sur le développement de ses infrastructures d’énergies vertes au Québec, inquiétude du Ministère des transports quant à la manière dont les chantiers vont affecter le trafic, inquiétude de l’Union des producteurs agricoles pour leurs exploitations, et inquiétude de nombreux individus qui ne veulent pas voir passer des millions de litres de pétrole sur leur propriété.
La voix étudiante cherche à se faire entendre.
Beaucoup d’étudiants ont aussi rempli les formulaires d’inscription aux audiences de l’ONE afin de peser dans la balance. Plus de quatre-vingt-quatre à McGill selon Bronwen Tucker, membre de Divest McGill, qui a organisé plusieurs évènements d’inscription. Lors de leur demande de participation, les étudiants devaient expliquer en quoi le développement d’Énergie Est les concernait. N’ayant pas un bout de jardin qui risquerait de se voir traversé par un de ces oléoducs, leur motivation était essentiellement celle du changement climatique. Or, sachant que le mandat de l’ONE a été modifié en 2013 pour ne plus inclure les questions de changement climatique ; cette petite centaine de McGillois risque de ne pas être reconnue par l’organisme comme étant « directement touchée » par le projet, et ainsi voir leurs demandes rejetées. En réaction à ce que Divest McGill décrit comme une procédure d’examen « ridicule » et « faible », l’association a justement poussé les étudiants à prendre le contrepied et continuer à défendre l’argument du changement climatique afin de démontrer l’illégitimité de la décision de l’ONE.
Pour Divest McGill, qui est tout à fait consciente du peu de chances de réussite de cette opération, ceci n’est en aucun cas un dernier acte. En effet l’association – qui concentrait plutôt ses efforts sur les tactiques de désinvestissements et n’avait été qu’un support aux actions de la campagne de justice climatique de l’AEUM contre Énergie Est – a confié au Délit être en train de prévoir un développement plus important de leurs opérations de sensibilisation et de leurs actions directes sur les pipelines pour cet été.