Qu’on nous bassine avec le changement climatique ! Il y en a qui n’ont que ces mots à la bouche : cycle du carbone, fonte des glaces, espèces en voie de disparition, catastrophes naturelles, couche d’ozone, effet de serre. On nous montre à outrance des photos de bébés phoques à l’agonie, de montagnes d’ordures ménagères, de métropoles embrumées par la pollution. Des kilomètres de pellicule photo dédiés à la décrépitude de l’espèce humaine, qu’on nous accuse d’accélérer. On nous parle de ce qu’on devrait faire, de ce qu’on ne fait pas, de ce qu’on fait trop. On nous lance des statistiques rébarbatives à la figure, on nous fait du chantage affectif en nous projetant dans la grise vie de nos futurs enfants.
Mais comment vivront-ils ? Comment vivrons-nous dans trente ans ? Les scénarios apocalyptiques vont bon train. Mais trêve de sarcasmes, car plus on les dénigre, plus on s’en rapproche. En 2015, il est temps de commencer à écouter les experts, les climatologues, les militants, quelques politiciens, et la planète. Parmi toutes les informations qu’on nous envoie à la pelle, a‑t-on vraiment compris ce qu’est et d’où vient le problème ?
L’atmosphère qui entoure notre planète est une mince couche constituée très majoritairement d’oxygène et d’azote. Les 0,1% restants sont composés d’une variété de gaz qui malgré leur faible présence ont un impact très important sur le climat. Ces gaz, que l’on connaît sous les noms de vapeur d’eau, gaz carbonique, méthane, protoxyde d’azote et ozone, ont toujours existé dans l’atmosphère. Seulement, depuis le début de l’ère industrielle, leur concentration a grandement augmenté, bouleversant les cycles naturels d’absorption et de ce fait l’équilibre habituel de l’effet de serre. Par exemple, selon le Global Carbon Project (Projet Global sur le Carbone), les émissions globales de CO2 dues à la combustion d’énergies fossiles et à la production de ciment ont atteint approximativement 9,9 milliards de tonnes pour l’année 2013. Le carbone a une durée de vie de plusieurs siècles là où il n’est pas absorbé par la nature, et son accumulation dans l’atmosphère intercepte une partie du rayonnement solaire, et surtout terrestre, troublant fortement l’équilibrage des températures et de l’énergie reçue. En d’autres mots, cette suraccumulation de carbone bouleverse l’effet de serre.
On pourrait écrire indéfiniment sur les chiffres, les causes et les conséquences du changement climatique. Reste à réfléchir aux solutions.
Après un début de prise de conscience dans les années 1970, et depuis le premier rendez-vous de la communauté internationale à ce sujet, à Genève, en 1979, on peut compter les décisions concrètes sur les doigts d’une main. En 2015, les discussions des Nations Unies sur la prise d’action pour lutter contre le changement climatique reposent encore sur un accord vieux de presque vingt ans, le Protocole de Kyoto (1997). Celui-ci fixait un objectif de 5% de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, les émissions de carbone pour 2013 citées ci-dessus représentent une augmentation de 61% par rapport au niveau de base fixé par le Protocole de Kyoto. La trajectoire actuelle des émissions de carbone correspond aux scénarios les plus inquiétants du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat), qui pourrait provoquer une augmentation de la température moyenne de 2 à 6°C d’ici la fin du siècle.
Il ne suffit plus aux populations ni aux élites politiques de « rester saisies de la question », comme elles le font trop souvent. Tout évolue bien trop vite et trop dangereusement. Il nous faudrait savoir de quoi on parle, mettre à jour nos objectifs, adapter notre réflexion et savoir repenser notre mode de vie.