La crise des réfugiés syriens, depuis la publication des photos du corps du jeune Aylan El-Kurdi, trois ans, retrouvé sans vie sur une plage de la Turquie, s’est non seulement hissée en tête des priorités de la communauté internationale, mais elle s’est aussi transformée en enjeu électoral au Canada. Devant les réclamations d’intervention immédiate de la part des citoyens canadiens, les différents chefs ont réagi et chacun proposé leurs solutions pour que le Canada fasse sa part.
La sécurité avant tout
Dès le départ, le gouvernement Harper n’est pas resté silencieux sur un tel enjeu. Il a rappelé que le Canada est l’un des plus grand donateur humanitaire en Syrie et en Irak. Une annonce faite le 10 août promettait l’accueil de 10 000 réfugiés de plus d’ici quatre ans. Cela se rajoute à une autre annonce, faite en janvier 2015, qui affirmait la volonté du Canada d’accueillir 10 000 réfugiés syriens en 3 ans et 3 000 irakiens d’ici la fin 2015. Un fond d’aide humanitaire a aussi été créé par le ministre du développement international pour donner aux organismes de charité l’équivalent des dons canadiens jusqu’à une limite de 100 millions de dollars.
Par-delà toutes ces promesses monétaires et numérales, ce qui presse, selon les partis d’opposition et une majorité de la population, c’est l’accélération du processus d’admission des réfugiés. Entre janvier et avril 2015, seulement 924 réfugiés ont été admis. Ce à quoi, M. Harper répond que la sécurité du Canada est sa priorité numéro un et qu’il ne voudrait pas avoir à se reprocher l’admission d’un terroriste en sol canadien. Il a promis un plan pour accélérer les demandes, mais celui-ci se fait toujours attendre.
L’opposition prête à agir
Les chefs des partis d’opposition ont tous annoncé un plan de réaction. M. Trudeau, chef du parti libéral a promis que, s’il prenait le pouvoir le 19 octobre prochain, il accueillerait sur le champ 25 000 réfugiés de la Syrie, et qu’ils seraient tous au Canada d’ici le 1er janvier 2016. Pour sa part, le chef néo-démocrate Thomas Mulcair s’est engagé à ouvrir la frontière canadienne à 10 000 réfugiés d’ici la fin de l’année, ainsi qu’à 9 000 autres par an pour les quatre prochaines années. Mulcair a également proposé l’utilisation des Forces canadiennes pour évacuer des réfugiés, une mesure employée par le gouvernement de Joe Clark dans les années 1970 lors la guerre du Vietnam.
Du côté des provinces on sent une forte motivation pour aller de l’avant dans l’aide humanitaire. La Colombie Britannique versera 1 million de dollars pour aider les familles qui décident de parrainer, faciliter l’intégration des réfugiés ou encore encourager leur embauche. La Saskatchewan, le Manitoba et l’Alberta vont toutes dans le même sens et promettent, en ordre, de donner chacune 150 000d ollars, 40 000 dollars et 250 000 dollars. Au Québec, les dons s’élèvent à 29 millions de dollars en plus des 100 000 dollars qui iront directement aux organismes qui travaillent sur place. Cependant, il ne faut pas oublier que l’immigration est le ressort du fédéral. Les provinces n’ont aucun pouvoir en ce qui concerne les demandes d’admission.
Le Canada peut-il vraiment se permettre d’attendre après l’élection pour agir, ou alors serait-il envisageable de déclarer une trêve électorale pour discuter ?