Entre les recommandations extatiques de connaissances et le curieux attrait exercé par sa pochette, le nouveau roman de Maxime-Olivier Moutier se dévoile comme un livre particulièrement pertinent en cette rentrée scolaire. En effet, par son sujet, Journal d’un étudiant en histoire de l’art attire un public varié dans lequel l’universitaire saura s’identifier. Ainsi, le lecteur suit le parcours d’un narrateur homonyme à l’écrivain qui, sur une décision réfléchie mais longuement reportée, retourne à l’université afin de compléter un certificat en histoire de l’art.
Comme son titre l’indique, c’est sous la forme d’un journal que le narrateur se confie, en relatant autant d’interventions qu’il en faut pour faire vivre –ou revivre– la vie d’un universitaire au lecteur. Celles-ci, de la plus anodine réflexion à la plus passionnante relation amoureuse, en passant par quelques divagations fantastiques, offrent une panoplie complète des expériences vécues dans les universités d’aujourd’hui. Le retour aux études, après presque vingt ans d’absence, ne se présente toutefois pas sans choc culturel et ce dernier fait partie intégrante du roman. Ajoutant une touche d’humour subtile mais toujours bien placée, de l’étudiante qui « aime » une collection qui semble infinie d’égoportraits, à l’étudiant qui se présente dans le seul but de regarder des vidéos en ligne, le narrateur observe le milieu dans lequel ils s’épanouissent.
Pour ce qui est de l’apprentissage, le narrateur n’hésite pas à la transmettre au lecteur à travers sa propre expérience d’humilité et d’éducation. Grâce à une connaissance approfondie de l’Art, il aborde une longue période historique et fournit des détails et renseignements sur des œuvres et des architectures des plus variées. Grâce à cet amalgame d’informations, le plongeon dans le milieu se fait aisément. Il transcende le roman et encourage le lecteur à rechercher par lui-même les créations abordées. Adroitement, l’écrivain offre, tout au long de son roman, une introduction à l’histoire de l’art sous forme de confidences et d’expériences de vie.
Lorsque la narration ne tourne pas autour de son aventure d’étudiant en histoire de l’art à l’UQAM, elle aborde l’éternel sujet d’écriture : les relations amoureuses. D’abord père de trois enfants avec une femme forte, le narrateur apparaît rapidement comme un homme ayant besoin d’une présence féminine constante à ses côtés. Entre deux visites d’une épouse trop souvent absente, son désir se satisfait donc avec diverses maîtresses, qui semblent parfois être présentes dans le seul but de remplir quelques lignes. Point plus faible du personnage de ce roman autrement magnifique : ces rencontres présentent le narrateur sous un autre jour ; elles lui permettent une touche d’humour noire, tout en renforçant le personnage.
Malgré toutes les difficultés que vit le narrateur, c’est avec facilité et plaisir que le lecteur le suit dans son développement. Passionné d’art ou non, ce Journal s’adresse à un public général, qui saura y trouver, si ce n’est une nouvelle passion pour l’art, un roman truffé d’humour et de scènes de la vie de tous les jours.