Jusqu’au 3 janvier, l’exposition Un photographe humaniste de George S. Zimbel nous est présentée par le Musée des Beaux-Arts de Montréal. Le visiteur a accès gratuitement à une cinquantaine de photographies argentiques ainsi qu’à un court documentaire portrayant l’homme derrière cette œuvre fondamentalement humaine. Exposé à Valence, Tokyo et New-York, le travail de cet artiste est déjà bien connu et il est agréable de pouvoir en profiter dans la ville où il habite désormais. La durée de présentation de l’exposition ainsi que sa gratuité devraient convaincre tous les méfiants que les œuvres du photographe américain valent le détour.
C’est équipé de son fidèle appareil Leica que l’artiste, natif du Massachussetts, a photographié des icônes de son époque. Son cliché de Marilyn Monroe, jupe au vent, est particulièrement célèbre, même s’il n’a été développé que vingt ans après sa capture. Passionné de politique depuis son séjour à l’Université Columbia, en compagnie du futur président américain Dwight David Eisenhower, il quitta les États-Unis pour s’installer à l’Île-du-Prince-Édouard, choqué par l’implication de son pays au Vietnam. L’œuvre de Zimbel fait ressortir le caractère humain qui habite les gestes les plus anodins de la vie quotidienne et permet une réflexion profonde à propos du rôle que le photographe occupe dans notre société. Il visite aussi bien des boîtes de nuit que des chantiers de construction ou des bibliothèques pour nous présenter une réalité riche, intéressante, mais surtout vivante.
Photographier pour célébrer
Le point de vue depuis lequel il réalise sa photographie de John F. Kennedy, lorsqu’ils se trouvent tous les deux dans la même voiture à l’occasion d’une parade très achalandée, nous permet de mesurer le caractère improbable de ce type de cliché aujourd’hui. L’exposition fait ressortir le talent d’un homme qui a su utiliser son art pour célébrer et non pour condamner. Véritable anthropologue, il nous fait revivre une époque où l’ambiance était à la naïveté plutôt qu’à la crainte et la méfiance.
Il est un peu regrettable cependant que l’exposition soit si courte : une seule petite salle. On aurait aimé en voir plus, compte tenu de la qualité du travail de cet homme que certains ont eu la chance de découvrir tout récemment. Il est aussi vrai que la photographie argentique s’adresse à un public averti compte tenu de la popularité de réseaux sociaux comme Instagram ou Snapchat. Il est agréable de penser en sortant du musée que le petit monsieur aux cheveux blancs que nous décrit le film d’introduction est en quelques sortes l’ancêtre de mouvements très populaires comme Humans of New York ou même sa version montréalaise Portraits de Montréal. Il est rassurant de constater que l’art peut rapprocher autant de gens encore aujourd’hui en présentant la vie de personnes ordinaires.