Pendant un peu plus d’une semaine, du 18 au 25 septembre, les étudiants de McGill ont eu l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les peuples autochtones du Canada, dans le cadre de la Semaine de Sensibilisation aux Cultures Autochtones. Il s’agissait de la cinquième édition de cet évènement organisé par le Bureau pour l’Équité Sociale et la Diversité de McGill (Social Equity and Diversity Education). Les festivités ont débuté par le traditionnel pow-wow de septembre en face de l’université et se sont poursuivies tout au long de la semaine suivante. Parmi les évènements, on comptait des conférences sur la mobilisation des communautés ainsi qu’un atelier de fabrication de capteurs de rêves.
Réfléchir sur les pensionnats
Les organisateurs avaient deux objectifs : célébrer et faire découvrir la culture des différents peuples autochtones du Canada, mais surtout déclencher une discussion autour des répercussions de la Commission de Vérité et Réconciliation du Canada. Cette dernière est une initiative du gouvernement canadien et porte sur les sévices subis par les enfants autochtones dans le réseau de pensionnats du gouvernement canadien entre les années 1880 et 1996. Mardi soir, la réflexion animée par M. Michael Loft, professeur en travail social, était organisée dans le cadre de ce deuxième objectif. Plus d’une cinquantaine de personnes s’étaient réunies dans le bâtiment de la Faculté d’éducation afin de discuter ensemble de la Commission. M. Loft a débuté la réflexion par la présentation d’un poème écrit par un survivant des pensionnats. Le pensionnat mentionné dans le poème fait référence aux réseaux d’écoles, souvent des pensionnats, où le gouvernement canadien a obligé plus de 150 000 enfants autochtones à séjourner sur une période de presque cent ans. Les sévices corporels et la violence psychologique y étaient utilisés quotidiennement afin de forcer les enfants à abandonner leur culture. M. Loft, lui-même un ancien élève d’une de ces écoles, a décrit ces établissements comme « une machine à génocide linguistique et culturel ». Suite à la présentation du poème, la salle a été divisée en quatre groupes pour discuter des émotions provoquées par le poème. Les participants, des étudiants pour la plupart, mais aussi des membres du personnel de McGill et des visiteurs, ont tous été profondément émus. Un consensus s’est établi autour du besoin de parler davantage des pensionnats dans les écoles et de sensibiliser la population canadienne, jugée beaucoup trop ignorante, à ce sombre chapitre de son histoire. M. Loft a terminé sa réflexion en soulignant les piliers essentiels pour réconcilier autochtones et non-autochtones : le respect, le sens de la responsabilité et la coopération. Selon lui, tant et aussi longtemps que le gouvernement canadien ne respectera pas les traités signés avec les peuples autochtones, une relation saine sera impossible.
Un sombre chapitre
Le réseaux de pensionnats et écoles était surtout maintenus par des communautés religieuses. Des 150 000 enfants y étant allés, près de 3200 y ont perdu la vie, principalement à cause de maladies causées par les mauvaises conditions sanitaires et la malnutrition. La Commission a récolté les témoignages de plus de 7000 anciens élèves et responsables. Elle a duré plus de 6 ans et a été établie en 2007 suite à la Convention de Règlement Relative aux Pensionnats Indiens. Des audiences ont été tenues à l’échelle du Canada afin que tous puissent faire entendre leur voix. La Commission a produit par la suite 94 recommandations. L’une des principales étant l’adoption par le Canada de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. Le juge Murray Sinclair, président de la Commission, a lui aussi choisi les termes de « génocide culturel » pour parler des pensionnats lors de la remise des recommandations de la Commission. Le Premier Ministre Harper a, quant à lui, préféré parlé « d’assimilation forcée » sans jamais prononcé le mot « génocide ».