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Campagne 101

Standpoints organise un évènement pour informer sur la campagne électorale canadienne.

Éléonore Nouel | Le Délit

Le 28 septembre étaient invités tous les étudiants curieux à propos des élections fédérales de cet automne au salon des arts. Standpoints y a organisé l’évènement Élections pour les nuls (Elections for Dummies, ndlr), prônant l’idée que « tu peux être nul, mais tu n’as pas à le rester ». C’est dans une ambiance de discussion de sofa que s’est donc déroulé un face-à-face avec le professeur de politique canadienne Richard Schultz, dont le seul mot d’ordre était la neutralité des échanges. Le professeur invité s’est tout de même exprimé avec moins de retenue que dans ses cours, racontant à l’occasion quelques anecdotes sur les partis en campagne ou disparus.

Une campagne unique

Plus sérieusement, il a insisté sur le fait que la campagne électorale est cette année particulièrement fascinante, compte tenu du peu d’écart dans les intentions de votes pour les trois principaux partis. Ces derniers se relaient en tête du classement. Un rien changerait la donne, d’où l’importance de chaque débat et chaque intervention publique.

Jusqu’aux dernières élections, premiers ministres libéraux et conservateurs s’échangeaient la tête du gouvernement canadien. Il est donc relativement inédit qu’une campagne électorale soit tripartite – excepté au Québec, où le Bloc Québécois a l’habitude de tenir la chandelle.

Pourtant, les clivages idéologiques ne sont pas flagrants entre le Nouveau Parti Démocratique (NPD) et le Parti Libéral du Canada (PLC). En effet, le professeur Schultz a expliqué que les Canadiens sont peu polarisés hormis lorsqu’il s’agit du Parti Conservateur (PC). S’il est le premier choix de 30% des électeurs, il est très rarement le deuxième choix des 70% restants. Le parti actuellement au pouvoir est le plus idéologique des trois, dans le sens qu’il se limite à ses lignes directrices sans chercher à séduire ceux dont les opinions s’en écartent. Harper possède un fidèle soutien de près d’un tiers de la population ; il s’efforce de le conserver pendant que Trudeau et Mulcair se disputent les indécis.

Selon M. Schultz, les libéraux ont trop longtemps tenu pour acquis leur succès auprès des immigrants alors que de nombreux membres des communautés ethniques se sont dirigés vers le PC qui inspire la confiance par son assurance.

Éléonore Nouel | Le Délit

Particularités canadiennes

Les divisions politiques ne sont pas aussi enracinées dans la société qu’en France par exemple, a‑t-il constaté. D’après lui, les partis sont ici des « épiphénomènes » qui n’existent réellement qu’au moment des élections. Avant d’aborder l’histoire récente de ces derniers, le  professeur Schultz a rappelé les rouages du système électoral du Canada, qui favorise la partisannerie régionale. C’est notamment un système selon lequel un premier ministre n’a pas besoin de la majorité des votes pour être nommé. Ainsi, Harper a obtenu une forte majorité des sièges à la Chambre des Communes en 2011, alors qu’à peine 40% des votants lui avaient donné leur voix. Qui plus est, seulement 60% des Canadiens s’étaient rendus aux urnes cette année-là.

Ce taux médiocre illustre le manque d’intérêt de la population envers ses élus, notamment chez les jeunes. Il est donc pertinent de convier les étudiants à des évènements tels que celui-ci : ils en sortiront plus éclairés que la moyenne des Canadiens sur la démocratie de leur pays, a déploré l’invité. Enfin, le professeur Schultz prédit, au vu des tendances actuelles, que le 19 octobre sera élu un gouvernement conservateur minoritaire. 


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