Le Délit (LD): De manière succincte, pouvez-vous nous expliquer les grandes propositions du Parti vert aux niveaix fédéral et municipal ?
Cyrille Giraud (CG): Les grandes lignes du parti au niveau fédéral bien sûr c’est porté sur l’économie verte, et j’insiste sur cette notion-là. On a beau être un parti vert, on ne parle pas que d’environnement. Tous les liens qu’on fait par rapport à l’environnement se rapportent à l’économie. Bien sûr, on est opposé aux projets de pipelines d’Enbridge et TransCanada : économiquement parlant ça ne va rien apporter au pays ni au Québec quand on voit ce qui est fait en terme d’évitement fiscal par les sociétés pétrolières. On est aussi présent sur tous les domaines de compétences. On parle de l’assurance-emploi, on parle de Postes Canada et Radio-Canada, des coupures qui y sont faites. Donc je ne veux pas être catalogué comme un parti simplement vert, d’autant plus que ma formation je l’ai faite en finance. Dans un monde idéal, on n’aurait pas besoin d’un ministère de l’environnement, il faudrait qu’il y ait de l’environnement dans tous les ministères.
LD : Le Parti vert entend réduire à zéro les frais de scolarité postsecondaires et professionnels au niveau canadien d’ici 2020. Comment envisagez-vous ce virage sachant que l’éducation relève du domaine provincial ?
CG : Pour ce qui est du lien entre le provincial et le fédéral il y a toujours moyen d’aider les provinces par le système de péréquations. Je pense que c’est un rôle important du fédéral de financer le plus possible tout ce qui relève de l’accès à l’éducation et que l’argent ne soit jamais un frein pour y avoir accès. Aux États-Unis l’endettement pratiquement handicapant auquel fait face la majorité des étudiants n’est pas un modèle à suivre. Par contre, d’autres pays s’engagent sur la voie de la gratuité scolaire, pourquoi pas nous ? Pour ce qui est du financement, je reviendrai à ma campagne locale et au sujet des paradis fiscaux. Au Canada, au bas mot, c’est 170 milliards de dollars qui sont en circulation dans les paradis fiscaux que les grosses sociétés font sortir du pays pour ne pas payer d’impôt. Donc, de l’argent pour l’éducation il y en a. Ça va aussi être sur le long terme, il ne faut pas se le cacher.
« Dans un monde idéal, on n’aurait pas besoin d’un ministère de l’environnement, il faudrait qu’il y ait de l’environnement dans tous les ministères.»
LD : La question de la marijuana est un petit enjeu dans cette campagne, mais elle intéresse néanmoins. Où se situe le Parti vert par rapport à cela ?
CG : Le parti vert est clairement pour la dépénalisation du cannabis et la taxation du cannabis sur l’exemple de ce qui se fait déjà dans certains états de nos voisins du Sud. Au départ, le cannabis a été interdit majoritairement à cause de ses effets secondaires, mais si on prend le temps de rechercher un peu, on se rend compte d’une foule autre de propriétés bénéfiques notamment au niveau thérapeutique. Quant aux compagnies pétrolières, elles préfèrent qu’on évite de faire des biocarburants à partir de cette plante pour que les gens continuent à acheter du pétrole dit conventionnel qui pollue plus et qui leur apporte plus d’argent. D’un autre côté, le cannabis représente aussi un potentiel en terme de taxation et donc de source de revenu pour le fédéral, le provincial et le municipal. Il y a tout un enjeu autour de cela qui fait que ce qui était impensable il y a 50 ans est aujourd’hui faisable. C’est un peu à l’image de l’évolution du mariage gai dans la communauté. Ça évolue.