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Déficits & Compagnie

Les revers économiques des programmes électoraux.

Matilda Nottage | Le Délit

À deux semaines des élections, les apparitions des candidats, les communiqués de presse, et les entrevues avec les représentants des partis se font de plus en plus fréquentes. Les attaques des candidats sont de plus en plus virulentes. On ne cesse de nous répéter que l’économie est au centre de cette campagne. Mais les points forts de chaque candidat en matière de relance économique sont-ils aussi profitables pour le Canada que ce que M. Trudeau, M. Harper, ou encore M. Mulcair essaient de nous le faire croire ?

Matilda Nottage | Le Délit

Parti libéral

Avec un investissement chiffré à cinq milliards de dollars pour chacun des deux prochains exercices budgétaires annuels, il est évident que le développement de l’infrastructure est un des points majeurs du Parti libéral. M. Trudeau propose ainsi de subventionner un plan de logement moins cher et la création de nouvelles garderies pour enfants. De plus, il s’engage à financer des structures « vertes » en améliorant celles existantes et en construisant des centres de traitement d’eaux usagées. Il propose aussi d’améliorer les infrastructures de transport au Canada.

Les bienfaits d’une politique de relance économique par le développement infrastructurel ne sont plus à démontrer. Le modèle économique d’Aschauer explique ainsi qu’il y a une corrélation positive et significative entre l’investissement dans l’infrastructure et la croissance économique.

Mais est-il bien sage de s’engager dans un déficit alors que le pays est déjà en récession ? Après les deux crashs pétroliers de cette année, un déficit budgétaire pourrait ajouter à la méfiance des investisseurs étrangers alors que le pays est en grand besoin de placements afin de pallier au large recul du marché pétrolier. On peut ajouter qu’investir dans l’infrastructure c’est bien, mais encore faut-il que cette infrastructure ait une utilité quelconque. Il faudra d’ailleurs l’entretenir par la suite.

En conclusion, un plan de relance économique au travers d’un investissement infrastructurel est viable, mais encore faut-il que la potentielle administration Trudeau agisse avec diligence raisonnable et ne se contente pas de simplement dépenser l’argent du contribuable par amour d’une politique keynésienne coûteuse.

Parti conservateur

Le gouvernement Harper se cache à outrance derrière une philosophie économique du marché libre, alors qu’on en est très loin dans les faits. 

Le Premier ministre sortant a été, est, et restera le plus fervent supporteur de l’exploitation des sables bitumeux d’Alberta, et à plus grande échelle de l’économie de l’énergie fossile. Si M. Harper veut minimiser le rôle de l’État dans l’économie canadienne, il faudra qu’il arrête de vendre l’Alberta comme le nouvel El Dorado pétrolier. Son engagement pour le succès économique de cette région n’a fait qu’amplifier l’impact des fluctuations des cours pétroliers. 

Friedman expliquerait clairement que si c’est en les marchés libres que croit M. Harper, il faut qu’il laisse les marchés décider du sort de l’économie canadienne. On peut tout de même saluer l’entrée du Canada dans l’Accord de Partenariat TransPacifique (plus connu sous le sigle PTP,  ndlr) orchestré par le gouvernement sortant (et vivement critiqué par M. Mulcair). On souhaite maintenant avoir plus de détails sur les impacts réels de « ce marché de 800 millions de clients » en Asie et en Amérique du Nord qu’affirme ouvrir ce nouvel accord. 

Nouveau Parti Démocratique

M. Mulcair a quant à lui publié les très attendus détails de son plan économique le mois dernier seulement. On a pu remarquer que certaines de ses promesses de début de campagne étaient passées à la trappe. Le Nouveau Parti Démocratique (NPD) n’augmentera pas l’aide au développement international du Canada comme M. Mulcair l’avait promis en mai dernier. 

M. Mulcair a promis de nombreuses aides sociales, notamment aux femmes sans abris, aux seniors, et aux familles que son administration financera substantiellement au travers d’une augmentation de la taxe sur les entreprises. Mais cette augmentation se traduira soit en augmentation pour le prix final pour le consommateur soit en des restructurations au sein des entreprises (i.e. des licenciements).

Il faut saluer les bonnes intentions de la publication des détails du plan économique de M. Mulcair ; si elles sont véritablement mises en place comme le parti les a décrites, elles auront un véritable impact positif sur les communautés canadiennes. Mais le manque de financements risque de compliquer la tâche au gouvernement Mulcair s’il est élu. M. Mulcair promet certes un surplus en plus de toutes ces réformes sociales, mais cela suppose un prix du baril de pétrole bien supérieur au consensus actuel sur les futurs prix du baril. Il est donc important de lire entre les lignes du plan économique du NPD : quel est le plan B de M. Mulcair ? Réduire la portée des ses réformes sociales ou assumer un moindre surplus budgétaire, voire un déficit budgétaire afin de soutenir toutes ces réformes sociales ?

L’exercice de cet article n’était pas d’inciter le lecteur à choisir un parti plus qu’un autre mais plus à l’inciter à essayer de mieux comprendre les grands points économiques de chaque candidat afin de faire un choix plus informé le 19 octobre prochain. 


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