Il est facile d’être favorable au Parti vert. Qui pourrait s’opposer à la protection de l’environnement, la promotion de la culture, le virage vers une économie verte et durable, la chasse aux paradis fiscaux et une éducation accessible à tous ?
Le vrai défi est de voter pour eux. D’abord parce que la priorité, pour beaucoup, est que Stephen Harper ne revienne pas au pouvoir. Ceux-là ne jurent que par le vote stratégique : un vote pour le Parti vert c’est un vote de moins pour le Nouveau Parti Démocratique (NPD) ou le Parti libéral du Canada (PLC), seuls prétendants crédibles au prochain gouvernement.
Des promesses utopiques ?
Ensuite, certains diront que les promesses du Parti vert sont utopiques, sans véritables assises économiques, et qu’elles ne tiennent pas la route. Là-dessus, certaines analyses leurs donnent raison. Déjà, sur le plan environnemental, le Parti vert entend diminuer de 20% les émissions de gaz à effet de serre (GES) au Canada d’ici 2020 en taxant les entreprises et les activités polluantes. Si l’objectif semble ambitieux, c’est surtout la méthode qui sème le doute puisque certaines entreprises pourraient décider de payer des amendes au lieu de diminuer leurs émissions.
Il est tout à fait légitime de critiquer l’approche du parti pour empêcher l’évasion fiscale qui, somme toute, n’est pas très détaillée, mais promet pourtant des milliards aux Canadiens. Un optimisme qu’on retrouve d’ailleurs jusqu’à la promesse de légalisation de la marijuana.
Voter vert pour ses idées
Pourtant, critiquer le Parti vert pour son programme est un non-sens. Aujourd’hui, le Parti vert ne possède qu’une seule députée, Elizabeth May, dans sa circonscription de Saanich-Gulf Islands en Colombie-Britannique. Ses chances de réélection sont bonnes et le parti vise l’élection de quelques nouveaux députés au pays. En étant réaliste, on peut s’attendre à un nombre en dessous de 5, et ce, sur 338 députés : la proportion est infime. Voilà pourquoi il est permis de suivre la campagne des verts sans être trop pointilleux vis-à-vis de leur programme, qui soit dit en passant n’est pas tellement pire qu’un autre. Voter ou appuyer les verts c’est un choix idéologique et non économique, ce que les conservateurs ne conçoivent peut-être pas. Le parti ne se prétend pas encore apte à gérer le pays, il n’oserait même pas y rêver, mais il réclame des positions solides du point de vue de la durabilité, qu’elle soient économiques, environnementales ou culturelles.
Lutter contre le bipartisme
Dans un système démocratique, on ne saurait se passer de différents points de vue pour prendre les meilleures décisions. Malheureusement, notre mode de scrutin favorise le bipartisme, tripartisme depuis 2011, duquel s’ensuit un certain mutisme de la part de candidats aux opinions peut-être divergentes. Quelques députés verts de plus au Parlement c’est donner plus de poids, et donc de légitimité, au seul parti encore libre de s’affirmer dans sa totalité. Aussi, on raconte que le Parti vert est très proche du NPD du point de vue social et environnemental ; comme si les deux s’équivalaient en tout point. Rappelons donc, que le Parti vert est le seul à s’opposer au projet Énergie-Est et l’expansion proposée de l’oléoduc Kinder Morgan qui relie l’Alberta à Vancouver. Dans cette foulée militante, le Parti vert est peut-être le seul suffisamment motivé par l’instauration d’une économie verte réaliste et à l’échelle du pays. Dans un monde qui fait face aux changements climatiques et à une importante crise pétrolière, tout le monde gagne à élire plus de verts au Parlement d’Ottawa.