Voilà, c’est fait. Justin Trudeau a remporté son pari. Le Parti libéral du Canada a remporté les élections. Il reformera un nouveau un gouvernement majoritaire, avec le Parti conservateur en opposition officielle. On rappelle que la dernière élection du parti remonte à 2003, avec Paul Martin comme chef. Au Québec, les Libéraux ont succédé au Nouveau Parti démocratique dans ce qu’on pourrait appeler une « vague rouge ». Stephen Harper a renoncé à son poste de chef du Parti conservateur malgré une honnête performance de la part de son parti. Quant à Mulcair, il s’engage à demeurer au volant du NPD, lui qui voit son parti retourner au niveau de 2008.
Retour sur la campagne
Si le résultat est aujourd’hui limpide, bien malin est celui qui aurait pu en deviner l’issu. En effet, sur 78 jours, il s’en est passé des choses. On se rappelle ainsi qu’après le 2 août, le début officiel de la campagne, c’était principalement l’affaire Duffy qui prenait toute la place. Inévitable pour les Conservateurs, ce dossier avait d’ailleurs été révélé le plus tôt possible afin de le faire « oublier » par la suite. En comparant la popularité faible du Parti conservateur en début de campagne avec les résultats finaux, on comprend la tactique. Toutefois, d’autres enjeux importants sont venus influer fortement sur le ras-le-bol des conservateurs. Parmi ceux-ci, le sujet de la crise des réfugiés syriens et irakiens, toujours d’actualité, a contribué à discréditer le Premier ministre sortant. Face aux propositions généreuses des deux autres principaux chefs, la priorité de Harper, soit la sécurité du pays avant tout, n’a pas reçu le soutien escompté de la part des électeurs. Toutefois, la position de Harper sur le port du niqab, partagée par le Bloc, a trouvé preneur chez beaucoup d’électeurs qui ont décidé de voter avec, littéralement, un sac de patate sur la tête pour protester contre la position des Libéraux et des Néo-Démocrates. Pour ce qui est du NPD, on peine à se souvenir de l’ampleur de leur popularité en début de campagne. Se positionnant contre Harper, ils ont tranquillement perdu des votes face aux Libéraux.
En considérant que le parti élu respectera ses promesses, on peut s’attendre à plusieurs changements notables au sein du Canada. La promesse phare des Libéraux, pour beaucoup garante de leur honnêteté, c’est celle qui annonce un investissement de 60 milliards dans les infrastructures sur une période de dix ans en espérant atteindre l’équilibre budgétaire d’ici 2019. Au niveau international, le Parti libéral s’engage à faire retrouver au Canada sa position d’aide internationale. Par exemple, en Syrie, on peut s’attendre à voir le Canada se concentrer davantage sur la formation des armés sur place et l’instauration d’une mission de paix. Sur le même enjeu, on peut espérer que les réfugiés syriens verront leurs demandes d’immigration accélérées. Enfin, au niveau de l’environnement, les discussions que Trudeau entend entreprendre avec les provinces — pour éviter de pénaliser celles qui font déjà des efforts — se dessinent timidement à l’horizon.