Le bras de fer entre la Ministre fédérale sortante de l’Environnement, Leona Aglukkaq, et le maire de Montréal, Denis Coderre, a pris fin il y a quelques jours. L’arrêté ministériel visant à empêcher temporairement le déversement ponctuel d’eaux usées dans le Saint-Laurent, et ce jusqu’à la vue de résultats d’une analyse scientifique complémentaire, va être respecté.
Rappelons brièvement les faits : alors qu’une conduite d’égout doit être asséchée pour continuer les travaux d’abaissement de l’autoroute à Montréal, certains dénoncent l’impact environnemental du déversement des eaux usées du conduit dans le Saint Laurent. C’est ainsi que les Conservateurs ont bloqué le projet. Pourtant, l’écologie n’a jamais été la priorité de ce parti, et des déversements similaires ont lieu plus régulièrement dans d’autres villes du Canada, sans jamais avoir été dénoncés par le gouvernement.
Même après les élections, cette politique inhabituelle interroge. N’était elle liée qu’à la pré-occupation grandissante des électeurs par rapport à la question climatique ? Le maire de Montréal et le Bloc Québécois dénoncent une stratégie de campagne.
Une politique climatique négligée
Cet intérêt des conservateurs pour l’écologie est en effet nouveau. Sans avoir été totalement dépourvu de politique climatique, le gouvernement conservateur n’a pas fait du développement durable sa priorité. En effet, le renforcement des industries pétrolière et gazière a plutôt tiré le Canada dans le sens contraire. C’est donc sans surprise que le Canada a quitté le protocole de Kyoto en 2012, après avoir augmenté de 18,6 % ses émissions de Gaz à Effet de Serre (GES), au lieu de les diminuer de 6% comme le prévoyait initialement le traité. De plus, l’absence du Premier ministre sortant à la Conférence des Nations Unies sur le Climat l’année dernière, alors que plus de 125 pays y participaient, s’est faite remarquer. Le gouvernement Harper avait tout de même, en mai 2015, établi un nouvel objectif : diminuer de 30% les émissions de GES d’ici 2030. Si cet objectif est jugé comme honnête par les conservateurs, d’autres le considèrent comme trop peu ambitieux.
Ce faible engagement écologique du gouvernement Harper nous le confirme : ce revirement soudain de ligne politique n’est pas lié à des convictions profondes et ancrées dans la politique conservatrice, mais est au contraire un instrument pour attirer plus d’électeurs.
Qu’en est-il du nouveau gouvernement ?
La promesse libérale
À l’aube de la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre 2015, le nouvel élu Justin Trudeau annonce vouloir développer « une position forte » dans le changement climatique.
Bien que le gouvernement ne s’oppose pas à l’exploitation des ressources pétrolières et gazières, le nouveau parti majoritaire mise sur la science pour favoriser un changement climatique. Sa future politique climatique s’articule en quatre points : augmenter la fréquence et la performance des évaluations environnementales, assurer une visibilité plus importante des travaux scientifiques sur l’environnement (ce qui s’accompagne de la création d’un poste de directeur scientifique au gouvernement), réinvestir dans le domaine environnemental, et plus particulièrement dans le domaine de la recherche océanographique et des transports collectifs, et enfin, mettre un accent sur la protection des lacs et océans.
Cependant, le nouveau gouvernement n’a pas annoncé de cible chiffrée pour le moment. Reste à voir si Justin Trudeau tiendra ses promesses et si sa politique aura un effet concret et mesurable sur le climat.