Alors que la recherche sur le changement climatique fait de grandes avancées, qu’elle devient plus précise, le sujet reste fortement controversé. Au sein de la communauté scientifique, il n’y a plus de remise en cause de son existence, mais le débat se poursuit sur son envergure et sur ses causes. Chez les politiciens, c’est la ligne d’actions à mener qui cause maints désaccords.
Selon un sondage du Pew Research Centre (Centre de recherche statistique et sociale basé à Washington, ndlr) datant de 2014, basé sur un échantillon de 1504 personnes, 26% de la population américaine considèrent qu’il n’y a pas de preuves solides du réchauffement climatique, dont 13% concluent qu’il n’est pas en train d’avoir lieu.
Le pavé dans la mare a été jeté en 1998 par Arthur B. Robinson, président de l’Institut de l’Oregon pour la Science et la Médecine (Oregon Institute of Science and Medicine). Ce dernier a organisé et fait circuler la Pétition de l’Oregon, un projet de pétition à l’échelle globale sur le réchauffement climatique. Il encourageait alors les politiciens à rejeter le protocole de Kyoto signé en 1997, tout en exprimant un fort scepticisme sur les causes anthropiques, et sur les aspects nocifs du dioxyde de carbone. Selon M. Robinson, la pétition a réuni à l’année 2013 plus de 31000 signataires, dont plus de 9000 se déclarent titulaires d’un doctorat, pour la plupart dans le domaine des sciences.
Mais un haut niveau d’éducation suffit-il à convaincre ? Le bien-fondé des résultats de la pétition a été fortement critiqué. Peter Hadfield, du journal New Scientist, écrivait en 2010 : « La vaste majorité des scientifiques signataires de la pétition n’ont jamais étudié la climatologie et ne font aucune recherche sur le sujet. Alors, ça n’a pas vraiment de pertinence qu’ils aient un doctorat. Un doctorat en métallurgie vous rend juste meilleur en métallurgie.» L’année d’après, Scientific American contactait un échantillon des signataires qui s’étaient déclarés diplômés en sciences relatives au climat : environ un tiers a répondu être encore en accord avec le contenu de la pétition. Le journal finit par conclure qu’en réalité, la part de la communauté scientifique (pertinente) qui est encore sceptique quant au sujet du changement climatique est plus réduite que ne laisse paraitre le capharnaüm médiatique.
En effet, pour certains, ce qu’on appelle le « climato-scepticisme » est une pseudoscience. Même si l’on peut désormais prendre pour acquis le consensus scientifique sur les causes anthropiques, l’aspect politique du mouvement reste fortement impacté par le déni du changement climatique. En 1996, un rapport de George E. Brown Jr., membre du Caucus Démocrate du Comité sur la Science de la Chambre des représentants américaine, dénonçait que l’attention du climato-scepticisme se portait plus sur l’opinion publique sur des preuves scientifiques. Les médias populaires profilant ce genre d’opinions vendeuses plus que celles de la communauté scientifique moins glamour, le débat paraît déséquilibré.
Il reste à préciser le rôle certains des lobbys industriels, géants dans la balance de la controverse. Entre autres, on remarquera l’importance contribution financière de compagnies pétrolières aux efforts des groupes d’intérêts… Selon un article du New York Times en 2010, les industries pétrolière, charbonnière et celle des services publics « ont collectivement dépensé 500 millions de dollars juste depuis le début de l’année 2009 pour faire pression contre la législation sur le changement climatique et pour vaincre des candidats. »
L’ancien président de l’Académie Nationale des Sciences américaine, Frederick Seitz, déclarait dans les années 1980 que « le changement climatique est bien plus une histoire de politique que de climat ». Non sans surprise, ce dernier est l’auteur de la pétition de l’Oregon. CQFD.