Depuis septembre nous nous affolions : tout bougeait à l’AÉUM (SSMU, ndlr), le vieil équilibre institutionnel foutait le camp. Un directeur général qui quittait le navire, une vice-présidente aux affaires internes qui démissionnait, une Assemblée Générale sans motion, une soirée d’Halloween invendue… une longue liste de « jamais vus ».
Et cette semaine : retour aux sources. Après la démission de Lola Baraldi en octobre dernier, le poste de vice-président aux affaires internes (v.-p. interne) est remis en jeu : des élections exceptionnelles se tiendront cette semaine. Deux candidats, Céleste Pagniello et Alexei Simakov (p.3) s’affrontent pour reprendre un poste clé de l’AÉUM pour le deuxième semestre.
Plus ça change, plus c’est la même chose (à prononcer avec un accent anglophone)
Finalement, rien n’a vraiment changé. Le combat électoral reste le même. Ô procrastination délicieuse que de lire les commentaires acérés lancés aux candidats sur leurs pages Facebook. La madeleine a le même goût qu’en mars dernier (période habituelle des élections de l’équipe exécutive de l’AÉUM).
Toujours les même débats de sourds sur les réseaux sociaux, toujours les mêmes critiques éternelles de l’institution de l’AÉUM, toujours la même « volonté d’améliorer la communication avec les étudiants », toujours le même manque de traduction correcte en français chez Simakov. Toujours les mêmes petites rancunes personnelles qui ressortent dans des questions passives-agressives, toujours les même réponses longues et politiquement correctes. Il ne manque plus que quelque memes, des publications Yik Yak, et notre guerre préférée sera relancée pendant la semaine des anciens combattants.
Soutenir officiellement un candidat ?
En tant que publication étudiante, Le Délit soutient généralement des motions lors des Assemblées Générales de l’AÉUM et des candidats lors des élections annuelles pour la nouvelle équipe exécutive.
Cependant, pour ces élections exceptionnelles pour le poste de VP interne, Céleste Pagniello et Alexei Simakov présentent tous deux des défauts trop importants pour que nous les appuyions officiellement. Nous ne souhaitons pas opérer un soutien par stratégie ou par dépit. Aucun des deux ne semble tout à fait comprendre les rôles officiels du v.-p. interne, ni le fait qu’ils seront élus uniquement pour une période très limitée (jusqu’à la fin de la présente année scolaire) ne leur permettant pas de tenir certaines de leurs promesses respectives. De plus la situation actuelle de l’AÉUM, très instable, les empêchera probablement de s’intégrer assez rapidement et mettre en place leur programme ; l’Association étant plus occupée à gérer sa crise institutionnelle (de façon tout à fait acceptable, il faut l’admettre) qu’à lancer des réformes.
Alexei Simakov est un candidat d’expérience – s’étant déjà présenté pour être président de l’AÉUM au printemps dernier – et d’expertise. Il n’a pas eu peur de pointer les défauts de l’institution : le manque de transparence, la question de la liberté d’expression, les problèmes de gestion. Sa volonté de déléguer la gestion de l’organisation d’évènements et de réformer la publication du Livre de Fin d’Année (Yearbook) nous a paru très perspicace.
Cependant Alexei Simakov en encore une fois présenté une traduction française médiocre de son programme, alors même que la promulgation du bilinguisme à McGill fait justement partie du portfolio du v.-p. interne. De plus, le programme et la position adoptée par ce candidat sont construits en opposition complète avec l’équipe actuelle de l’AÉUM : son élection pourrait donc être une source supplémentaire de déséquilibre au sein de l’Association déjà très instable. Enfin, certaines parties du programme d’Alexei Simakov – la réforme électorale, les questions de transparence et de liberté d’expression – sont irréalisables en un semestre, et semblent plutôt être des propositions de futur président que de v.-p. interne.
Céleste Pagniello, quant à elle, a su présenter un programme et des réponses dans un français parfait. Contrairement à son adversaire, elle semble plutôt être en accord avec l’idéologie actuelle de l’Association et saurait donc s’intégrer facilement en cours de route. Ses idées quant à la promulgation du bilinguisme au sein même de l’AÉUM et au développement des relations avec les associations de faculté ont su nous séduire.
Néanmoins, le programme officiel de Céleste Pagniello est peu concret et sans grand intérêt, à la limite du vide. Une large partie de son programme tient sur Frosh alors que l’organisation de cet évènement sera à la charge de son successeur – compte tenu du fait que le v.-p. présentement élu ne sera en poste que jusqu’à la fin du printemps. Finalement, les solutions apportées par cette candidate quant aux problèmes de la listserv par courriel de l’AÉUM (lue par un nombre trop restreint d’étudiants) nous paraissent utopiques, peu efficaces et quelque peu puériles.
En somme, une bonne candidate sur le court terme pour s’intégrer dans l’équipe exécutive d’une AÉUM recherchant désespérément la stabilité ; et un candidat intéressant sur le long terme pour réformer avec force une association étudiante toujours plus décriée chaque année.
Les élections pour le poste de Vice-Président aux Affaires Internes se tiendront du 11 au 15 novembre sur le site internet de Elections SSMU.