Les terribles attentats perpétrés à Paris dans la nuit du 13 au 14 novembre ont éveillé de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Certains changent leurs photos de profil Facebook aux couleurs de la France, d’autres partagent des dessins de Marianne pleurant ses enfants morts ou de la tour Eiffel en deuil, et beaucoup publient les hashtags #PrayforParis (#Priez pour Paris, ndlr) ou #Prayfortheworld (#Priez pour le monde, ndlr).
Ces incitations à la prière et au deuil révèlent le traumatisme suscité par les attaques qui ont fait 132 morts (bilan provisoire). Elles dénotent la profondeur d’une blessure dont le monde, tout entier, souffre avec les Français et dont le seul pansement semble être de nature spirituelle. Le sentiment d’impuissance face à la terreur paraît insurmontable et incite ainsi à pleurer et à prier : se taire en signe de désespoir !
Ne pas spiritualiser le terrorisme
La nature de ces actes devrait pourtant nous alerter sur la nécessité de ne pas répondre par la prière. Ces terroristes se disent être d’une certaine religion pour créer l’amalgame, la division et la haine. Preuve du caractère politique des attaques, mais surtout piège que nous devons reconnaître et éviter. Répondre par la prière c’est d’abord ajouter une dimension religieuse à un acte qui ne devrait pas en avoir.
Même si l’on fait abstraction du caractère sectaire des attentats et que l’on se limite à leur visée et portée politique, alors, une fois encore, surtout, ne prions pas ! Ne mélangeons pas politique et religion. Réaffirmons nos principes et n’abattons pas la valeur-même pour laquelle ils osent nous assassiner : la séparation de l’Église et de l’État, de la religion et de la politique. Préservons ce qu’ils ne supportent pas. À un acte politique, répondons politiquement.
Se relever avec l’autre plutôt que prier pour l’autre
Si les terroristes répandent l’horreur parmi nous c’est qu’ils ne peuvent souffrir nos joies, nos libertés et nos amours. Leur barbarie les empêche de supporter nos valeurs et nos passions. Alors ne succombons pas à leur dictature, relevons-nous de la tétanie et résistons ! Ce n’est pas en priant que nous résisterons, mais c’est en souriant, en riant, en aimant et en clamant haut et fort que nous sommes fiers et heureux !
Il est temps de taire nos prières et de comprendre que la réponse à la barbarie c’est la civilisation, que la réponse à la démence soi-disant religieuse est la tolérance laïque. Ces horreurs devraient nous permettre de mieux nous définir et de nous accepter comme nous sommes. Qui sommes-nous ? Des femmes et des hommes pour qui la vie a du sens et dont l’altruisme dépasse tous les autres «–ismes ». Des hommes et des femmes qui, jusqu’à leurs derniers soupirs, mettront l’espérance avant la déchéance et l’amour avant les haines.
Séchons nos larmes, arrêtons nos prières et rions, dansons, chantons jusqu’à ce que les djihadistes comprennent qu’ils ne vaincront jamais ! Jusqu’à ce que nos chants leur redonnent goût à la vie. Soyons l’apologie de la vie face à l’incarnation de la mort. Pour cela, il nous faut passer outre le deuil et les prières, il nous faut lever un verre, ensemble, à la vie ! #TrinquezàParis, #Santé, #SouriezPourParis.