Un collectif d’universitaires canadiens, Dialogues pour un Canada vert (DCV), a composé une feuille de route pour que le Canada s’adapte aux impératifs écologiques. Tous s’accordent sur la nécessité de fixer un prix sur le carbone, en adoptant une taxe nationale sur les émissions de carbone ou en établissant un système national de plafonnement et d’échange de droits à l’émission. Les autres recommandations du collectif concernent le choix d’objectifs réalistes mais ambitieux en terme de réduction d’empreinte écologique pour chaque secteur, d’élimination des subventions envers le secteur des combustibles fossiles, de transition vers des énergies propres et renouvelables, etc.
Dans son ensemble, le rapport se veut être une recommandation envers le gouvernement du Canada pour sa participation à la COP21. Il est important, parce qu’il vise à rassembler la communauté scientifique du pays derrière un plan de route précis, et parce que l’investissement des experts dans l’éco-blanchiment de la nation est une étape fondamentale au changement.
On peut émettre une réserve, par contre, sur l’ambition du collectif. Le rapport répond à l’appel en amont de la Conférence des Parties à fixer des objectifs pour atteindre un réchauffement climatique inférieur à 2 degrés celsius. Deux petits degrés, un objectif que certains politiques jugent impossibles à atteindre, et que certains experts considèrent pourtant comme insuffisants. Cet été, un rapport de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) concluait qu’il faudrait probablement fixer l’objectif à 1,5 degré celsius, un réchauffement dont l’impact environnemental semble bien moindre par rapport à celui des 2 degrés de départ.
McGill investit pour le futur?!
Mais revenons à nos moutons. McGill, université de rang mondial, institution dédiée et dévouée à l’éducation, au progrès et à l’avancement de la société (n’est-ce-pas?) s’en va à Paris pour la COP21. La conférence à l’étranger permet à l’université de rayonner mais plonge dans l’obscurité une autre vérité qui est celle de McGill. Depuis trois ans, l’association étudiante Divest McGill (Désinvestissons McGill, ndlr), exhorte l’administration de l’université à se défaire de ses dotations dans le secteur des énergies fossiles. Le collectif estime que les investissements de l’université atteignent la modique somme de 70 millions de dollars au total. Il a récolté le soutien de nombreux professeurs de l’université, plus de 2 500 signatures sur sa pétition, ainsi que l’appui de certains anciens étudiants mcgillois qui menacent l’administration de rendre symboliquement leurs diplômes s’il n’y a pas de désinvestissement…
L’administration reste de marbre. Il convient de revenir à la thématique, justement, du rayonnement de McGill. Si elle se place sous la lumière des projecteurs pendant quelques événements parallèles lors de la COP21, son mutisme à propos des dotations en combustibles fossiles n’est plus un secret. Le combat de Divest McGill a été relayé par plusieurs chaines médiatiques nationales et le stoïcisme administratif ne fait pas reluire l’image de McGill.
Alors, chapeau bas à l’administration pour sa participation à une conférence sur le climat dont on n’a pas besoin de prouver l’importance. Mais peut-être devrait-elle revoir ses priorités. Comme le dit l’adage, peut-être devrait-elle balayer devant sa porte, avant de balayer devant celle des autres. Ou quelque chose comme ça.