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L’économie du partage au trot

Évaluation de la nouvelle consommation alternative.

Luce Engérant

L’économie du partage devrait être le terme économique le plus populaire du moment. Après tout, tout le monde peut y prendre part, il vous suffit d’avoir un grenier, une maison, ou encore une voiture. Avec l’avènement des téléphones intelligents et du 100% connecté, cette forme d’économie a connu une croissance titanesque. Mais qu’en est-il vraiment ? 

Selon un rapport de PriceWaterhouseCoopers (PWC), l’économie du partage, aussi appelée l’économie collaborative, est un système dans lequel des individus ou des groupes d’individus vont gagner de l’argent à partir d’actifs qu’ils n’utilisent pas ou peu. En ce sens, leur actifs physiques sont « partagés » sous la forme de services. Par exemple, un appartement peut être « partagée » sur Airbnb, une voiture peut être « partagée » grâce à OuiCar ou encore Blablacar. Même de l’argent peut être échangé avec d’autre individus grâce à la plateforme TransferWise. Sur cette dernière, les individus qui souhaitent échanger leur argent dans une devise étrangère sont mis en relation avec d’autres individus comme eux qui désirent faire la transaction opposée.

Une des plus importantes fondations de l’économie du partage est le fait que l’on n’a plus besoin d’acheter un produit matériel pour l’utiliser. Ce changement de mentalité s’est opéré au cours de la dernière décennie et selon Nicco Mele, auteur de  The End of Big : How The Internet Makes David The New Goliath (La Chute des Grands : Comment Internet Fait de David le Nouveau Goliath, ndlr), s’exprimant dans une interview pour le site internet Triplepundit, « ce changement s’est fait grâce à l’énorme réductions des coûts de transactions liés à l’engagement des individus dans de nombreuses activités ». En d’autres mots, le très haut débit internet et les téléphones intelligents ont permis de réduire la difficulté qu’avaient les gens à monétiser leurs actifs physiques. Maintenant un homme au foyer peut être chauffeur pour Blablacar le matin et amener ses enfants à l’école par la même occasion ; il peut ensuite louer sa voiture pour la journée, cuisiner et vendre ses plats grâce à Yuma, et s’engager dans bien d’autres activités sans avoir à supporter le tracas et la monotonie d’un emploi dans un bureau. 

Luce Engérant

Les tromperies du partage

Évidement tout n’est pas aussi utopique dans le monde réel. Julia Schor, professeure au Collège de Boston, explique que, comme toutes les théories économiques, la rhétorique de l’économie du partage est elle aussi à prendre avec précaution. Des compagnies ont tendance à capter un pourcentage assez important des revenus de leurs utilisateurs. Uber par exemple prend en moyenne des frais équivalents à 20% du coût total du voyage. Si l’on prend maintenant en compte tous les frais d’utilisation et de maintenance du véhicule, il est clair que devenir un partenaire Uber ne fait pas des conducteurs des hommes riches.  De plus, la plupart du temps, les acteurs de l’économie collaborative ne sont pas soumis aux mêmes réglementations que leurs homologues dans les secteurs traditionnels, ce qui peut poser des problèmes de sécurité et de légalité.

Alors, que ce soit un outil de monétisation de la voiture et de l’appartement de monsieur-tout-le-monde ou bien la dernière perfidie trouvée par les grandes entreprises, on ne peut plus nier que l’économie du partage est présente dans notre vie de tous les jours et que malheureusement elle n’est pas très bien comprise. En effet, moins de la moitié de la population sait ce qu’est l’économie du partage selon une étude de PWC.


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