À McGill, les occasions de rencontrer des associations politiques de tous les horizons sont assez impressionnantes. Des Démocrates aux Conservateurs, tous sont représentés. Tous ? Non. Quelque part dans la bibliothèque McLennan un groupe d’étudiants reste méconnu. Vous l’avez sans doute deviné, il s’agit des marxistes. Marxist Economics 101 (Économie marxiste 101, ndlr), un événement organisé par Socialist Fightback at Concordia and McGill (riposte socialiste à Concordia et McGill, ndlr) à la bibliothèque McLennan le 20 janvier se proposait d’analyser le fonctionnement du capitalisme, de détailler ses supposés défauts et de proposer le marxisme comme système alternatif.
Malgré une organisation sans prétention, l’intervenant principal, Joël Bergman, a eu le mérite de captiver son auditoire, avec un résumé efficace de notre système économique. Celui-ci est basé sur le capital : le but de toute entité économique sera donc d’en accumuler le plus possible. Ce système est basé sur l’utilisation de la force ouvrière : les fonds et la machinerie sont détenus principalement entre les mains des chefs d’entreprises. Les travailleurs ont, eux, la force de travail : ils ajoutent de la valeur à un produit de base. Ainsi, l’employé et le patron s’associent afin d’augmenter mutuellement leurs revenus. Pause. Il est alors légitime de se demander où se situe le problème. Toutefois, Joël Bergman nous propose d’observer un peu plus les implications de ce mode de fonctionnement. Comme expliqué plus haut, la valeur que crée l’ouvrier est divisée en deux : une part à l’employeur, l’autre au salarié. Ce dernier utilisera son seul salaire pour vivre. À l’opposé, l’entrepreneur emploie souvent plusieurs salariés. Il gagnera ainsi beaucoup plus vite des richesses, qu’il pourra réinvestir ailleurs, amplifiant le phénomène d’accumulation, créant ainsi un cercle vicieux.
En tant qu’étudiant il est légitime de se poser certaines questions vis-à-vis du mouvement : « Très bien cette rhétorique économique, mais nous sommes étudiants. Nous galérons, pour certains, à gérer ensemble cours et vie sociale et mentale. J’ai un quizz à préparer moi. » Jusqu’à ceci : « Les entreprises canadiennes sont assises sur 700 milliards de dollars, sans qu’ils ne soient utilisés pour de la recherche ou s’assurer face à quelconque risque économique. Utiliser 1% de ce montant suffirait pour supprimer tout frais étudiant au Québec ; ce que la nationalisation pourrait résoudre ». Vous avez maintenant mon attention.
Des questions soulevant des problématiques nécessaires
L’un des défauts de cette réunion est de ne pas avoir défini précisément le marxisme. De plus, les dimensions philosophiques et politiques n’ont pas été abordées. La session de Questions/Réponses pour l’audience permet tout de même de donner une idée globale, mais floue. Par manque de place, voilà un résumé des échanges, certains étant omis :
• Pourquoi ne pas répartir équitablement les gains d’une entreprise entre ses employés et ses dirigeants au lieu de la nationaliser ?
Prenons deux entreprises différentes avec des gains différents. Les employés de la plus florissante seront plus riches. Les inégalités existeront toujours.
• Que dire des pays où le communisme a été essayé, qui ont perdu en liberté et qui ont terminé en échec ?
Les pays qui en ont fait l’expérience étaient très peu développés avec une faible conscience politique. Ce qui a conduit à l’instauration d’une bureaucratie opaque et inefficace
• Comment nationaliser de grandes entreprises ? Cela nécessiterait des quantités d’argent colossales.
Le mouvement marxiste se base sur une révolution populaire, induisant une modification de la constitution. Il s’agirait de se saisir des entreprises sans contrepartie.
Marxist Economics 101 a été une expérience très intéressante, expliquant très justement la vacuité d’un système gangréné. La question de son remplaçant est cependant beaucoup plus ouverte. Aucune autre alternative n’est aussi prometteuse et intellectualisée que le marxisme. Or un choix limité à deux systèmes ne saurait être réellement démocratique. Si la question vous intéresse, rassurez-vous, une discussion est organisée mercredi 27 janvier à l’Université de Montréal, pavillon Lionel Groulx local C‑7147, 19h00.