C’est dans la lignée de faire la politique autrement que s’inscrit l’initiative gouvernementale d’effectuer des consultations pré-budgétaires dans les circonscriptions à travers le pays. Organisée le 20 janvier dernier par le député de Ville-Marie—Le-Sud-Ouest—Îles-des-Sœurs, l’honorable Marc Miller, au sein du bâtiment Leacock de l’Université McGill, cette consultation avait pour objectif de prendre le pouls des citoyens afin de connaître leurs préoccupations économiques.
Les citoyens montréalais furent nombreux à répondre présent à cet appel. Chefs d’entreprises, professeurs, coordinateurs régionaux, étudiants et plus encore ont fait part de leurs préoccupations au député, dans l’espoir d’une considération de sa part lors du comité ministériel qui sera prochainement formé. Grande absente, car elle se trouvait à Davos dans le cadre du Forum économique mondial, la rectrice Suzanne Fortier a envoyé sa bénédiction à cette consultation populaire par le biais d’Olivier Marcil, vice-principal aux communications et aux relations externes.
D’emblée, le député Miller a rappelé que le surplus de plus d’un milliard de dollars que le gouvernement conservateur avait prédit au tout début de la dernière campagne électorale s’est transformé en gouffre de plus de quatre milliards de dollars. La chute du prix du baril de pétrole a grandement affecté l’économie canadienne, prouvant la fragilité de cette dernière par la même occasion. Néanmoins, le parti de Justin Trudeau persiste et signe : le gouvernement va investir 20 milliards de dollars sur dix ans dans chacun des trois piliers identifiés, pour un total de 60 milliards de dollars. Le premier pilier concerne les transports en commun, le deuxième comprend l’infrastructure dite « verte » et le troisième comprend l’infrastructure sociale. Les enveloppes sont énormes, certes. Cependant, depuis la dernière crise économique, bien des économistes, tel Paul Krugman (prix Nobel d’économie en 2008), s’accordent pour dire que les politiques d’austérité sont inefficaces et que seuls les investissements dans les infrastructures permettent la croissance à long terme.
Cibler la classe moyenne
Tout au long de la dernière campagne électorale, le Parti Libéral s’est présenté comme étant le champion de la classe moyenne. Le député Miller a donc naturellement repris la cassette libérale pour vanter les propositions de son gouvernement qui a promis 3,4 millions de crédits d’impôt pour 9 millions de Canadiens de la classe moyenne. Le gouvernement a par ailleurs aussi augmenté de 4% le taux d’imposition marginal des contribuables qui gagnent plus de 200 000 dollars par année pour pallier la mesure précédente.
Des intérêts divergents
Logement, tourisme, aide aux aînés, assurance emploi, stages étudiants, bref, tous les sujets ou presque furent évoqués. Néanmoins, plusieurs militants ont à tour de rôle mentionné l’embourgeoisement du centre-ville et plus précisément le long du Canal Lachine, ce qui a pour effet de diminuer l’accessibilité aux logements pour les classes moyennes tout en privant les citoyens des derniers espaces vacants de la ville. Plusieurs entrepreneurs présents ont aussi dit espérer que le gouvernement investisse davantage dans l’industrie touristique à Montréal. Avec la baisse du dollar, ils espèrent que les touristes américains et européens, déjà nombreux, seront plus enclins à visiter le pays. Pour certains d’entre eux, le tourisme est la meilleure forme d’exportation possible.
Pour Meghan Bottomley (U2), rencontrée à l’issue de la consultation, cette initiative permet aux citoyens de donner leur voix afin d’apporter du « vrai changement » dans la politique canadienne. Pour sa part, Éric Taylor (U2) aurait souhaité que les participants discutent davantage des politiques de développement durable au sein des villes. Finalement pour Benson Cook (U1), citoyen américain, cette rencontre n’aurait jamais pu avoir lieu aux États-Unis et confirme, selon lui, le virage positif que semble avoir pris la machine fédérale sous les Libéraux.