Dimanche dernier, des millions d’individus se sont attablés devant leur téléviseur et ont cessé de vivre l’espace de quelques heures pour regarder le rendez-vous sportif par excellence des États-Unis : le Super Bowl.
Pour les Américains, il s’agit d’un événement sportif sans égal, qui revêt pratiquement un caractère religieux et qui est plus important encore que la Coupe du monde de soccer masculin.
Le choc des générations : Manning vs Newton
Cette année, à l’occasion du 50e anniversaire du Super Bowl, les amateurs de football étaient gâtés par un affrontement au sommet. Au cœur de la bataille, la meilleure attaque de la NFL, les Panthères de la Caroline, menée par le jeune et impétueux quart-arrière Cam Newton, affrontait la meilleure défense de la ligue, les Broncos de Denver, inspirée par le vieillissant mais non moins efficace Peyton Manning.
Ce choc générationnel s’annonçait particulièrement intéressant puisqu’il s’agissait peut-être du tout dernier match de Peyton Manning, lui qui sera hors de tout doute intronisé au temple de la renommée de la NFL pour les nombreux records qu’il a fait tomber. De quoi pimenter davantage le duel, le flamboyant Cam Newton avait été couronné la veille du titre de joueur par excellence de la NFL, un titre que Manning a, soit dit en passant, remporté à cinq occasions au cours de sa carrière — un record.
Vu la moyenne de 40 points marqués par match des Panthères en série éliminatoire, ceux qui s’attendaient à un match hautement offensif furent énormément déçus. La meilleure défensive de la ligue, celle qui avait muselé les Patriotes de la Nouvelle-Angleterre deux semaines plus tôt, n’a tout simplement laissé aucune marge de manœuvre à Cam Newton. Celui-ci a notamment été victime de sept sacs du quart, un record pour un match du Super Bowl. Manning n’a cependant pas été plus étincelant que son homologue, lui n’a eu aucune passe de touchée au cours du match. Les Broncos ont d’ailleurs établi le plus bas total de verges gagnées par une équipe championne du Super Bowl avec une maigre récolte de 194 verges.
Les Broncos l’ont finalement remporté par la marque de 24 à 10. Le secondeur Von Miller fut le grand artisan de cette victoire, lui qui a fait perdre le ballon à Newton à deux reprises alors que les Panthères étaient profondément ancrées dans leur territoire. Ces deux bijoux défensifs de Von Miller ont mené aux deux touchés des siens, lui valant le titre du joueur par excellence du match.
Plus qu’un rendez-vous sportif
Vu de l’extérieur des États-Unis, le Super Bowl apparaît comme The American Way of Life, une soirée de consommation exagérée et, pour plusieurs, de consommation ostentatoire ! Effectivement, pour beaucoup il s’agit d’organiser la plus grande fête du quartier, de posséder le plus grand téléviseur ou encore d’avoir le plus grand nombre de décorations et de bannières à l’effigie de leur équipe adorée.
Maintenant, qui dit Super Bowl dit aussi orgie publicitaire. Les annonceurs paient très cher pour pouvoir accéder à cet immense auditoire : cinq millions de dollars pour seulement… croyez-le ou non, trente petites secondes de temps d’antenne ! À cette somme s’ajoute également les coûts, non moins élevés, dispensés à la réalisation de la publicité. Quitte à dépenser une somme aussi faramineuse, les annonceurs s’assurent d’épater la galerie avec des publicités grandioses, souvent à caractère humoristique. Le rendez-vous publicitaire de la mi-temps est devenu presque aussi important que le match lui-même !
Finalement, le Super Bowl, c’est aussi la manifestation du patriotisme américain, un patriotisme ancré et renforcé dans l’esprit des citoyens par la démonstration de la puissance économique et militaire des États-Unis : un drapeau américain démesuré, un hymne américain émouvant chanté par Lady Gaga, une artillerie impressionnante de feux d’artifice, et enfin, la présence de soldats, de drones et d’avions de combat. À cela s’ajoute un flot de vedettes américaines et un arsenal stupéfiant d’effets spéciaux. Quoi que l’on dise, nos voisins du sud ont véritablement le sens du spectacle !