Après la sortie des résultats définitifs des primaires de l’Iowa mardi dernier, il est (déjà) temps de faire un compte-rendu. Du côté des Démocrates, Hillary Clinton (49,8%) est talonnée par Bernie Sanders (49,6%) mais prend la tête de la course à la nomination en remportant le caucus. Chez les Républicains (GOP, soit le Parti Républicain, ndlr), Ted Cruz (27,6%) renverse Donald Trump (24,3%), lui-même suivi de près par Marco Rubio (23,1%). Les deux partis apparaissent donc fractionnés et plus de temps est nécessaire pour établir un favori avec plus de sûreté.
Analyses à tâtons
De notre côté de la frontière et plus généralement dans le monde entier, les yeux se sont rivés, alertes, vers les États-Unis. Au Canada, Le Devoir se hâte d’émettre ses commentaires pourtant très prudents sur les candidats ; La Presse nous donne une analyse juste. En France, Le Monde nous offre un florilège de fun facts agrémentés de chiffres et manquant d’analyse. Dans un monde de plus en plus tourné vers les médias numériques, il était important de connaître les chiffres au plus tôt ; les chiffres, puisqu’ils disent tout et rien. C’est d’ailleurs ce en quoi consiste le début de cet article, les chiffres et une maigre analyse.
L’image reste donc floue pour nous aussi et il nous est impossible, au même titre que huit mois avant les élections fédérales canadiennes, d’établir un candidat et encore moins un gagnant. Nous sommes donc dans le même mouchoir de poche que lors des duels d’octobre dernier.
Vu du côté canadien
Les États-Unis représentent le plus grand marché d’exportations pour le Canada, à hauteur d’environ 324 milliards de dollars en 2012, au même niveau que l’importation : environ 292 milliards de dollars. Les intérêts des deux pays sont donc étroitement liés et l’avenir de la coopération dépend du prochain président.
Mais alors du côté canadien, quels sont les avantages que présente tel candidat plutôt qu’un autre ? La plateforme de Donald Trump (GOP) est tout d’abord clairement rejetée par Justin Trudeau et par les Canadiens en majorité. Elle consiste pour la plupart en des « politiques de peur » comme l’avait dit l’actuel premier ministre en août dernier ; elle ne fait pas mention du Canada et reste dans la ligne libertaire du Parti Républicain. Moins conflictuels, Ted Cruz et Marco Rubio suivent la même approche libertaire et jeffersonienne en militant pour un gouvernement minimaliste et l’on peut s’attendre à un renforcement risqué des frontières de la part de Ted Cruz. Celui-ci s’expliquerait par la croyance selon laquelle les terroristes viendraient par notre frontière commune, la seule non-protégée que les États-Unis aient.
À l’opposé, on observe des opinions bien plus libérales du côté des Démocrates. Hillary Clinton mentionne à plusieurs reprises dans son programme l’importance d’un renforcement des infrastructures liées à l’énergie entre le Canada et les États-Unis, la coordination de politiques environnementales dans l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain, ndlr). Ce dernier point cependant, rappelons-le, est difficile à atteindre compte tenu des disparités économiques avec le Mexique. Enfin, cette coopération est moins présente dans le programme de Bernie Sanders, plutôt fondé sur une réaffirmation du principe d’égalité, des droits des minorités et autres. Un programme qui apparaît peut-être alors concentré sur l’intérieur du pays avec un gouvernement fédéral fort.
Le programme de Mme Clinton prend plus en compte les relations avec les Canadiens. Cependant, plus d’affirmations, de propositions et de contradictions sont nécessaires pour savoir si ces programmes sont définitifs.