Vendredi dernier, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a profité de sa visite canadienne pour faire devant une assemblée mcgilloise une allocution très prisée sur le rôle et l’importance des jeunes pour le progrès futur, à travers le prisme des institutions internationales. C’est un discours que l’on nous sert à toutes les sauces. Jamais les jeunes n’ont exercé leur droit de vote aussi peu que maintenant et c’est parce qu’ils se sentent abandonnés par la classe politique. Pourtant, selon les paroles de M. Ban : « nous devons investir dans la jeunesse, travailler avec eux et pour eux ».
M. Ban a insisté sur l’investissement des jeunes dans les affaires de la communauté internationale, sur le privilège et la nécessité de profiter de l’éducation qui est mise à notre disposition. Il souhaite que l’aide aux plus défavorisés prenne en compte les défis et besoins de leurs membres les plus jeunes et nous a appelé à participer à l’effort humanitaire. Notre engagement prend racine à l’université.
McGill à l’ONU
À McGill, plusieurs associations étudiantes visent à reproduire les systèmes onusiens ou mènent des campagnes sous l’égide d’agences spécialisées. C’est le cas, notamment, de l’Association des Étudiants de McGill pour l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance), qui organise des levées de fonds et des séances thématiques pour sensibiliser leurs collègues étudiants à la cause des conditions de vie infantiles dans les pays en guerre ou sujets à des catastrophes naturelles. Selon Maud Schram, coprésidente de l’association avec Anna Qian, « dans le monde d’aujourd’hui, l’investissement dans les relations internationales (RI) n’est pas limité aux étudiants qui cherchent à s’orienter dans les affaires internationales. Les RI sont importantes pour nous tous parce que nous avons maintenant tous des liens internationaux. » Et en effet, les étudiants investis dans l’UNICEF de McGill étudient en sciences politiques, études du développement international, mais aussi en gestion, pharmacologie, physiologie, économie, chimie, médecine… Il n’y a pas de discrimination disciplinaire à l’engagement dans les causes humanitaires internationales ; ces associations ne sont donc pas seulement qu’un tremplin de carrière pour les aspirants à la diplomatie. Et la diversité des parcours y permet d’enrichir le débat, d’y donner de multiples points de vue.
Maéva Proteau, étudiante de troisième année, travaille à l’Association des Étudiants en Relations Internationales de McGill (IRSAM), est investie de longue date à McMUN, mais est surtout l’éditrice en chef de la Revue Internationale de McGill (McGill International Review, ndlr).
Elle explique ainsi en entrevue avec Le Délit que « l’investissement des étudiants est d’une importance capitale. À la McGill International Review, les éditeurs et les écrivains contribuent avec leurs idées à une communauté qui dépasse les frontières de l’Université. Ils contribuent tous à un échange non seulement de connaissances mais aussi d’opinions qui rend notre monde essentiellement plus riche. Aussi, ils apportent une voix qui représente la jeunesse. »
Les jeunes croient-ils encore à l’ONU ?
Les relations internationales font aussi l’objet d’un cynisme assez répandu. La diplomatie a cela de frustrant qu’elle parait plus souvent rhétorique qu’efficace. Mme Schram commente : « Pour le meilleur ou pour le pire, nos actions individuelles ont des conséquences internationales et vice versa. Pour cette raison, nous devrions tous nous renseigner sur les relations internationales. » Elle croit toutefois sincèrement dans le bien-fondé et l’utilité sociale d’associations telles que l’UNICEF. Selon elle, il est clair qu’il reste un travail immense, mais « nous devrions être optimistes quant aux possibilités futures et libertés que nous pouvons offrir aux enfants, si l’on prend en compte le progrès déjà accompli. »
Mme Proteau conclue : « J’aime croire que la communauté internationale, malgré la situation trouble dans laquelle nous sommes tous, est et restera entre de bonnes mains. En général, les gens du milieu que je rencontre sont passionnés par ce qu’ils font et ont à cœur les causes qu’ils soutiennent. »