Le samedi 13 février, lors de la conférence hivernale de la Presse Étudiante Francophone (PrÉF), le journalisme était à l’honneur. Trois intervenants, habitués du journalisme depuis de longues années, sont venus parler de la place et des mutations du journalisme aujourd’hui, dans un monde où le citoyen se fait instantanément journaliste, en un simple clic.
Un sentiment de communauté
Entre les murs de Gert’s, des valeurs d’espoir remplacent les habituelles vapeurs d’alcool. Les étudiants-journalistes, venant pour certains de Québec et d’Ottawa, se regroupent dans la bonne humeur. Cette conférence rassemble, donne l’impression de faire partie d’un tout plus grand que soi et son école : une véritable communauté. Arborant fièrement le nom de son journal sur la poitrine, chaque étudiant se sent vraiment membre d’une profession. Habituellement disposés sur de discrets présentoirs, les différents journaux universitaires et cégépiens trônent sur les tables, dans un pêle-mêle coloré. C’est un désordre ordonné par un sens commun : la vocation journalistique.
Monsieur Tout-le-monde ne peut pas être journaliste
Fabien Deglise, journaliste-chroniqueur pour le Devoir, a rassuré l’auditoire : dans un présent en constante redéfinition, le journalisme n’est pas mort. Cette idée trop souvent entendue est selon lui un amalgame. Entre la fin des journaux papiers, les baisses d’effectif et l’importance des réseaux sociaux, le journalisme traditionnel semble menacé. Selon l’intervenant, il est au contraire la pierre angulaire de notre société. Soulignons l’exigence de l’éthique journalistique : le journaliste analyse la doxa, vérifie ses sources, agit en véritable « historien du présent ». La personne s’efface derrière l’article et ne doit pas laisser l’émotion prendre le pas sur l’information. Cette vision contraignante souligne donc la place essentielle du journaliste, dans un présent où les médias deviennent les alliés de l’égo, du mensonge et de la passion.
Art et journalisme ne s’opposent pas
Une vision moins stricte du journalisme vient ensuite. Judith Lachapelle, journaliste et bédéreporter au journal La Presse est venue parler du dessin de presse, que la photographie n’a pas remplacé. Selon elle, l’émotion du journalisme est importante : elle fait partie de l’information. À l’objectivité, Judith préfère l’honnêteté. Le dessin est soumis aux autres contraintes du journalisme. Le bédéreportage est un travail de journaliste-artiste : le texte et le dessin se complètent.
Un journalisme enrichi par la technologie
Alors qu’à première vue, les nouvelles technologies seraient l’ennemi du journalisme traditionnel, Judith Lachapelle renverse le sens commun : le numérique lui donne une grande liberté de création. Roland-Yves Carignan, ancien directeur artistique au Devoir et à Libération, a ensuite montré les avantages de l’enrichissement des médias : vidéo, photographie, cartes ou infographie sont autant de moyens de présenter l’information et faciliter la lecture.
La frontière est poreuse entre mise en valeur visuelle de l’information grâce aux médias sociaux notamment et la manipulation du lectorat. Aussi, luttons contre le nivellement par le bas : faisons l’effort de vérifier les informations qui nous sont proposées avant de propager la nouvelle. Cependant, le journalisme n’est pas mort, il s’adapte et il se réinvente sans cesse au rythme des nouvelles technologies.