Des oiseaux et des guitares dans une salle épurée. Voilà l’installation de Céleste Boursier-Mougenot présentée au Musée des Beaux Arts de Montréal, résumée en quelques mots. « From here to ear, v.19 » est, comme son nom l’indique, la dix-neuvième version de cette œuvre et l’une des plus grandes que l’artiste ait réalisée. Compositeur de la compagnie « Side One Posthume Theatre » de 1985 à 1994, Céleste Boursier-Mougenot est plasticien, mais il est aussi musicien de formation, d’où le fait que ses œuvres soient focalisées sur l’ouïe du spectateur et soient donc d’une pureté esthétique qui fascine.
Depuis 1994, et comme nous l’explique la brochure du musée, l’artiste « mène un travail au croisement des arts visuels et de la musique expérimentale, tout en convoquant les codes du spectacle vivant », créant non plus seulement des œuvres d’art admirables, mais des expériences sensorielles (et) immersives auxquelles le spectateur est convié.
Un art éphémère
Céleste Boursier-Mougenot est donc un artiste contemporain dont les œuvres ne se collectionnent pas, ne s’achètent pas. Il nous invite à vivre le moment présent avec des œuvres différentes à chaque instant, « unique(s) à tout moment » pour reprendre ses mots lors d’une entrevue pour le Musée des Beaux-Arts de Montréal. D’ailleurs, il est interdit d’en prendre des photos ou des vidéos. Le visiteur est invité à participer en étant simplement présent pour observer et écouter la mélodie arythmique pourtant si relaxante des musiciens ailés. Les œuvres de l’artiste, qui avait notamment inondé le palais de Tokyo à Paris en 2015 avec l’installation « Acquaalta », sont en effet difficilement reproductibles chez soi, et s’inscrivent donc plus dans la durée de la mémoire du spectateur plutôt que dans celle du salon du collectionneur. Cette caractéristique de l’œuvre de Céleste Boursier-Mougenot en fait aussi un art plus accessible : ouvert à tous, gratuit, simplement beau et agréable.
Vous n’avez donc aucune excuse pour ne pas y aller. Et vous ne le regretterez pas : offrant comme une pause, loin du stress de la ville et de vos examens, déambuler entre ces petits oiseaux joueurs (de guitares) vous laissera, espérons, détendu(e) et souriant(e).